C’est à Sainte-Catherine de Hatley, le 23 décembre 1923, que naît Noël Lamontagne.
Son père Lucien, marié à Adélina Patry, a installé sa famille sur une terre située entre ce qui est aujourd’hui l’autoroute 55 et le camping Chez Ben.
Noël vend au marché à Magog la viande de boucherie de son père. Il y fait la rencontre de Dolorès Blouin et l’épouse en 1950. Le jeune couple aménage dans une maison de 5 logements sur la rue Principale Est, achetée de Olivier Langlois. Noël poursuit le commerce de viandes de boucherie et de volailles pour son père, tout en cumulant, pendant sept années, un emploi au département de l’imprimerie de la Dominion Textile. Toutefois, il rêve de s’acheter une ferme puisque c’est son frère qui a obtenu la terre familiale à Sainte-Catherine.
Démarrer son entreprise agricole
En visitant sa sœur Aurore, religieuse de la congrégation des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, à Newport en 1959, il fait la connaissance d’une dame Lespérance, propriétaire d’une ferme sur le chemin d’Ayer’s Cliff. Puisque le dernier acheteur est disparu sans payer ses taxes, elle l’informe que la propriété d’une superficie de 250 acres sera vendue à l’encan sur le perron de l’église par l’huissier Joseph Labrecque.
Noël Lamontagne veut absolument posséder cette terre. Il doit en débattre avec quatre autres personnes fortement intéressées aussi. Du prix de départ fixé à 9 000$, les enchères s’élèvent à 14 000$. Noël lance un regard foudroyant à Anthime Martel, qui persiste à faire monter la mise, pour manifester sa volonté ferme. Il l’obtient enfin pour 14 200$ payés comptant sur-le-champ devant témoins.
Un homme impliqué qui fait sa marque
La famille, qui comprend maintenant trois enfants, soit Richard, Denis et Diane, s’installe sur la ferme du chemin d’Ayer’s Cliff. C’est là que naît Jacques. M. Lamontagne peut maintenant devenir cultivateur et commencer son propre élevage de 2 500 volailles, six fois par année. Il s’implique dans plusieurs organismes dans le domaine agricole. De 1977 à 1991, il est administrateur des plans conjoints à la Fédération des producteurs de volailles et siège à l’Union des producteurs agricoles (UPA). Il est également président des éleveurs de bœufs des Cantons de l’Est en 1988-1990 et représentant de la Société du crédit agricole du Québec. À ce titre, sa proposition que les versements de subventions aux agriculteurs soient basés sur la rentabilité des récoltes est acceptée et appliquée depuis. En 1991 et 1992, il préside l’UPA de l’Estrie qui compte 6 000 producteurs.
M. Lamontagne raconte que lors de la rencontre annuelle de Statistiques Canada en 1984, Brian Mulroney, le conférencier invité, prononce un discours portant sur le libre échange. À la période de questions, il fait remarquer au Premier ministre qu’aux États-Unis, les États froids ont tous perdu leur production de volailles, ne pouvant ainsi concurrencer avec les États chauds. Il fait valoir qu’il en serait donc ainsi pour le climat du Québec. Monsieur Mulroney prend sa remarque en considération et fixe le quota de volailles pouvant provenir des États-Unis en conséquence.
Une détermination remarquable
Quand le dépotoir municipal situé sur le chemin Roy déménage sur le Chemin d’Ayer’s Cliff, sur un terrain acheté de Gérard Robert au début des années 1970, la fumée produite par l’incinération des déchets envahit les fermes environnantes, dont la sienne. Il dénonce cette situation devant le conseil du Canton de Magog et le maire Edgar Bournival, et obtient gain de cause. Il est alors dévidé que les déchets devront être enfouis.
Noël Lamontagne s’est aussi distingué sur la scène politique. Dès 1960, il devient organisateur d’élections pour le Parti libéral et est nommé président du Comité libéral de Stanstead en 1969. Il met ses talents à l’œuvre particulièrement lors des élections de George Vaillancourt, de Robert Benoit et de Yves Forest.
C’est à lui que l’on doit l’ouverture de la rue Belvédère en 1973, donnant à la Rive-Sud un deuxième accès au centre-ville. Par le passé, le conseil de Magog et celui du Canton de Magog ont refusé d’investir dans l’achat d’un terrain nécessaire pour construire une rue. M. Lamontagne rend donc disponible une partie de ses terres pour la réalisation du projet.
Aujourd’hui âgé de 84 ans, Noël Lamontagne est encore actif dans l’entreprise agricole qu’il exploite avec son fils Jacques sur une superficie de 700 acres. Une production de 27 000 poulets, six fois par année, est vendue à Olymel. La petite ferme acquise sur le perron de l’église en 1959 a bien traversé le temps et permis à cet homme déterminé de réaliser ses rêves.
Danielle Lauzon