Mgr David Shaw Ramsay (1825-1906)

Un généreux Presbytérien converti au Catholicisme, a habité le chemin des Pères.

David Shaw Ramsay est né à Edimbourg, Écosse, le 21 avril 1825, du mariage de David Ramsay et de Helen Shaw. Il est baptisé selon le rite de l’Église presbytérienne. Il a 2 frères et une sœur.

Ayant perdu son père alors qu’il a un an, il poursuit ses études sous la responsabilité d’un tuteur, d’abord à St. Andrews, en Écosse, ensuite à Manchester en Angleterre puis à l’Université d’Édimbourg. Il est ensuite envoyé au Canada par sa mère pour deux années, pendant lesquelles il demeure chez M. Primeaux (sic), curé de Varennes, au Québec. En 1847, sa mère achète pour lui la « Seigneurie de Ramesay », dont le manoir est situé à proximité du village de St-Hugues, au nord de St-Hyacinthe. Cette seigneurie avait été concédée, le 17 octobre 1710, au Sieur Claude de Ramesay, gouverneur de Trois-Rivières et de Montréal, par le Marquis de Vaudreuil, gouverneur général de la Nouvelle-France (aucun lien de parenté n’existe entre Mgr Ramsay et ce Claude de Ramesay).

Entre 1847 et 1857, David sert dans la milice et son temps est partagé entre le Canada et l’Angleterre. À son retour au Canada, il fait une courte incursion en politique, aux élections de 1857. Candidat conservateur dans Bagot, il est défait. Au cours de ses stages chez le curé de Varennes, et sans qu’il ait subi « ni influence ni direction », il se convertit au catholicisme, en octobre 1859. Il est reçu dans l’Église catholique par le Chanoine Fabre dans le couvent des soeurs de la Providence à Montréal et est confirmé par Mgr Prince, au couvent des sœurs de la Présentation, à St-Hyacinthe.

En février 1861, il se découvre une vocation sacerdotale. Après une retraite faite sous la direction des Jésuites au Collège Ste-Marie de Montréal, sa vocation sacerdotale ne fait plus aucun doute. À la suite d’études à Montréal, au Collège Pio de Rome et en Angleterre, il est ordonné prêtre par Mgr Joseph LaRocque, évêque de St-Hyacinthe, en octobre 1867. À partir de ce moment, il fera du ministère tantôt à Montréal, tantôt en Angleterre.

À Montréal, il joua un rôle très important dans la réforme des institutions pénales, notamment de l’École de réforme pour les jeunes. Le résultat de ses interventions fut que deux projets, portant sur cette question et désignés comme les « Écoles de réformes et industrielles », devinrent loi. Les enfants, auparavant envoyés à la prison commune, iront désormais à l’École de réforme de St-Vincent-de-Paul ou dans différentes maisons de communautés religieuses mieux adaptées à leurs besoins. En 1872, Mgr Bourget fait revenir Ramsay d’Angleterre et lui confie l’École de réforme, où certains problèmes nécessitent son intervention. Une fois ce travail accompli, il reprend son ministère, tantôt au Canada, tantôt en Angleterre et en Écosse.

En 1881, l’admiration qu’il a pour la Société de Jésus s’intensifie et il décide d’entrer au noviciat des Pères Jésuites en Angleterre. Son frère, le juge Thomas Kennedy Ramsay de Montréal, décède célibataire, à St-Hugues, en décembre 1886. David, qui fait du ministère à South Sheilds, en Angleterre, doit revenir au Canada, y rejoindre sa sœur Wilhelmine, également célibataire. Il a maintenant 60 ans et éprouve le besoin de mener une vie un peu plus calme.

C’est en 1891 que David Ramsay arrive dans les Cantons de l’Est. Il achète alors la ferme St. Margarets, sur le chemin d’Austin (aujourd’hui chemin des Pères). Avec sa sœur, il habite à temps partiel cette ferme qui aura environ 400 acres, suite à l’acquisition de trois autres fermes voisines. L’hiver, tous deux retournent dans les « vieux pays ». Alfred Viens et sa famille sont responsables de l’exploitation de la ferme. Ils y gardent des chevaux, vaches à lait, à viande, moutons, volailles, etc. Les produits de la ferme, c.-à-d. lait, beurre, fromage, œufs, volailles, bœufs, maïs, fruits et légumes variés, sont vendus à Magog.

Maintenant qu’il a sa résidence principale près de Magog, David Ramsay désire quitter l’archidiocèse de Montréal et demande à être rattaché au diocèse de Sherbrooke, ce qui lui est accordé par Mgr Fabre, le 12 avril 1896. Sur la recommandation de l’évêque de Sherbrooke, Mgr Paul LaRocque, le Saint-Siège le nomme prélat domestique en 1896 et protonotaire apostolique le 12 mai 1897.

Déjà en 1892, l’évêque du diocèse de Sherbrooke, Mgr Antoine Racine, avait tenté de promouvoir la fondation d’un monastère dans son diocèse. À cette fin, il était entré en contact avec Mgr Ramsay et de longues négociations s’en suivirent. Ramsay offrait gratuitement sa ferme aux Bénédictins de France, moyennant une rente viagère à lui être versée, d’un montant d’environ 280 $ à 320 $ par année, basée sur la valeur estimée de sa propriété. Les longues absences de Mgr Ramsay et le décès de Mgr Racine, en 1893, mettent un terme aux discussions. De plus, comme la situation des communautés religieuses de France semble s’améliorer, le projet n’a pas de suite. Paul LaRoque, le successeur de Mgr Racine, reprendra les négociations avec les Bénédictins, qui implanteront leur monastère à Austin, en 1912.

Mgr Ramsay décède subitement à Montréal le 23 février 1906 et il est inhumé dans la crypte de la cathédrale de Montréal. Dans son testament, rédigé au Collège canadien à Rome, Italie, le 4 mars 1896, Mgr Ramsay fait don de « tous ses biens meubles dans ce Township de Magog », dont sa ferme de quelque 400 acres de terre, à la Corporation épiscopale du diocèse de Sherbrooke, à certaines conditions, dont l’une : « que les revenus soient utilisés à des fins éducationnelles du diocèse de Sherbrooke ». C’est grâce à ce don que « La Crèche » de Magog, (garderie-école-orphelinat-hospice), a pu être construite par son ami le curé Charles-Édouard Milette, en 1907. En octobre 1907, les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, arrivées à Newport, au Vermont en 1905, prennent possession de l’institution. En 1939, la Crèche est convertie et devient l’hôpital La Providence. L’initiative en revient au curé Léon Bouhier et aux Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, qui fêtent cette année le centenaire de leur présence à Magog.

La résidence de David Shaw Ramsay, avec sa chapelle, située au 793 chemin des Pères, est actuellement occupée par Le Château de verre enr., de Lucie Poirier et Jean-Michel Lopez, verrier d’art. Depuis l’an 2000, la grange de cette ferme est devenue le Centre d’Art, d’Artisanat et d’Antiquités Les Trésors de la Grange, mis sur pied et administré par Mme Françoise T. Lavoie.

Maurice Langlois