Il y a d’abord les critères fixés pour le droit de vote et d’éligibilité aux postes électifs. Selon l’Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada, qui définit les règles à respecter, seuls les hommes d’âge adulte – 21 ans et plus – , sujets de Sa Majesté, et qui sont propriétaires ou locataires, peuvent voter ou poser leur candidature aux postes de conseillers. Il est donc plausible de croire que, sur les 800 habitants que compte le canton à ce moment, 100 à 200, tout au plus, participent à l’élection du 1er août 1855.
Selon la coutume, le vote, qui commence à 10 heures du matin, se fait publiquement. Les électeurs se prononcent soit en levant la main, soit en se rendant d’un côté de la salle identifié à l’un des candidats. Une fois les polls fermés, à 17 heures, les résultats sont compilés et les sept hommes ayant obtenu le plus de votes forment le conseil.
Reflet de l’identité magogoise au milieu du XIXe siècle, les sept premiers élus sont des anglophones, en majorité des cultivateurs. Il s’agit de Colbe Abbott jr., Asa Hoyt, Samuel Hoyt jr., Thomas L. Hoyt, Benjamin H. Ives, Abial B. Johnson et E.D. Newton. Quelques jours plus tard, ils se réunissent afin de choisir celui qui exercera la fonction de maire. Samuel Hoyt jr., un quadragénaire qui possède une scierie sur le côté sud de la rivière Magog, près du pont Merry, hérite alors du poste.
Une tradition est née. Elle connaîtra une multitude de changements au fil des ans. En 1888, par exemple, le village de Magog devient une municipalité autonome, indépendante du reste du canton. En février 1914, le maire y est élu directement par les électeurs pour la première fois. En plus de cette « course à la mairie », remportée par Alfred L’Archevêque, le scrutin de 1914 est marqué par deux autres premières : le vote secret, sur un bulletin de papier, et la division de Magog en six quartiers électoraux.
Lentement, mais sûrement, la mécanique électorale municipale prend une forme qui se rapproche de celle que nous connaissons aujourd’hui.
Serge Gaudreau