L’électricité nous apparaît comme un acquis naturel. Aujourd’hui, le fait d’appuyer sur un bouton et de voir la lumière ne nous surprend plus. Difficile d’imaginer que les gens ont vécu sans cette ressource pendant des siècles. À Magog, l’avènement de l’électricité remonte à la fin du 19e siècle. Avant cela, il y a quelques tentatives d’alimenter le secteur industriel en énergie avec des barrages de moindre envergure.
En 1874, un ingénieur hydraulique est engagé pour étudier le potentiel énergétique de la rivière Magog. Puisque ses études sont concluantes, messieurs Alvin H. Moore et William Hobbs, devant la promesse d’énergie abondante, considèrent l’édification d’une usine près de la rivière. C’est ainsi qu’avec la Magog Textile and Print Company, naît le barrage Francis. Grâce à un canal, l’impressionnante construction de 400 pi. de large pour 16 pi. de haut fournit les usines de textile en énergie hydraulique jusqu’en 1915.
Le barrage hydroélectrique de la Dominion Textile autour de 1927. La Société d’histoire de Magog
Photo actuelle: Marco Bergeron
En 1891, le conseil de ville reçoit une offre de la Royal Electric Co. et de C.F. Beauchemin qui lui offrent d’installer des points de lumière sur la rue Principale. On parle alors de 20 lumières et 16 bougies allumables simultanément tous les soirs. Quelques années après, un dénommé Bernard Lemay fait la demande au conseil de ville pour installer une « usine d’éclairage électrique des rues », mais la chose n’est pas envisageable à l’époque. Et on ne pense pas encore à éclairer les maisons. Le conseil de ville change d’idée le 1er juin 1897 lorsqu’il vote le règlement menant à la construction d’un barrage hydroélectrique, situé à moins de deux kilomètres en aval des usines. Le coût total du projet ne devrait pas dépasser les 10 000$. Pour célébrer cette avancée technologique, on organise un concert dans la salle de l’ancien conseil de ville en l’honneur de la journée où l’on allume les lumières pour la première fois. C’est finalement en décembre 1897 que les maisons et les rues sont électrifiées à Magog.
Évidemment, les coûts d’utilisation de l’électricité à l’époque sont bien différents des montants actuels ; à l’époque, on dépense de 2$ à 4$ par année pour une ampoule de 16 bougies. Déjà en 1902, on indique au chef de police, monsieur Foucher, de bien avertir ses consommateurs d’éteindre les ampoules lorsqu’elles ne sont pas utilisées. Un réflexe intelligent !
Jusqu’en 1909, Magog se contente de ces installations hydrauliques pour s’alimenter en électricité. La toute nouvellement nommée Dominion Textile Company, en 1905, ne peut en dire autant. Devant ce constat, elle propose à la Ville de Magog une entente pour la construction d’un autre barrage hydroélectrique pour remplacer celui de 1897… sans lequel elle menace de fermer son usine de Magog ! Même si Magog a peu de pouvoir de négociation, on instaure un comité de 32 citoyens pour discuter de l’entente avec la Dominion Textile. Un contrat entre cette dernière et la Ville de Magog est signé le 28 mai 1911 ; il prévoit un partage qui, à court terme, satisfait les deux parties. Ce barrage est construit la même année. L’usage commun de l’électricité dure jusqu’en 1946, date à laquelle l’entente prend fin.