Tel était le titre d’un article paru dans Le Progrès de Magog, le mercredi 23 mai 1962. Aussi étrange que ce titre est le contexte qui entoure cette histoire.
En effet, quelques mois seulement après avoir été élu maire de Magog le 5 février 1962, M. Ernest Simard recevait un loup-marin en cadeau du docteur Eudore Labrie, maire de Cap-aux-Meules, Îles-de-la-Madeleine.
Le maire, à la suite d’une visite au Jardin zoologique de Montréal, rêvait d’avoir une attraction touristique semblable pour sa ville. Il choisit comme habitat pour ce nouveau « citoyen », le bassin d’eau du parc des Braves. Un mois plus tard, le loup-marin manifestant des signes d’ennui, deux autres de son espèce étaient recrutés et vinrent lui tenir compagnie. Cette nouvelle attraction plaisait aux Magogois qui les visitaient fréquemment. On les considérait déjà comme une réelle attraction touristique, dont Magog avait grand besoin à l’époque.
Mais le plaisir fut de courte durée. Vers la fin du mois de mai de la même année, un ou des malfaiteurs tuaient à coup de pierre l’un des trois phoques. Au moment de l’incident, un autre avait été dépêché sur Montréal pour traiter une blessure. Cette malheureuse affaire mit un terme à cette aventure et au rêve du premier magistrat.
À ce moment, le parc des Braves était presque entièrement occupé par un stationnement, ce qui faisait quelque peu oublier ses origines qui remontent aux années 1880. Depuis la construction de la Magog Academy en 1856 sur le site de l’actuel pavillon Brassard, on accédait à l’école par la rue Principale, la rue St-Patrice n’étant pas encore complétée à cet endroit. Le terrain était en quelque sorte la cour de l’école.
En 1887, le Dr George O. Somers obtenait de la municipalité du Canton de Magog l’autorisation d’y construire un kiosque où la Magog Brass Band pourrait donner des concerts. Au début des années 1900, il y a eu à Magog, en même temps jusqu’à quatre ensembles musicaux différents et les concerts étaient fréquents.
En 1891, la Ville de Magog y a construit son premier hôtel de ville et marché public. À la suite de l’incendie de celui-ci en 1901, la même année, on construit une caserne de pompiers où siège le conseil, un peu à l’est du premier hôtel de ville. En 1922, on y érige un monument à la mémoire des soldats de la région, tués au cours de la Grande Guerre (1914-1918) et le parc prend le nom de parc des Braves.
C’est vers 1927 que la Ville construit un nouveau kiosque où les fanfares et harmonies locales se produisent au grand plaisir des Magogois. Lors de leurs passages à Magog, les personnalités de marque sont reçues à cet endroit. Ainsi, quand le gouverneur général du Canada, Alexandre de Tunis, vient à Magog le 17 septembre 1947, une foule nombreuse l’accueille au parc des Braves. Il s’agit d’un endroit de rassemblement populaire très fréquenté par les Magogois. Encore de nos jours, le 11 novembre, jour de l’Armistice, le parc est le site d’une cérémonie commémorative pour les militaires morts au cours des deux Guerres mondiales. Le Cirque des étoiles y donne aussi son populaire spectacle annuel.
Afin de répondre à un besoin croissant de stationnement, au cours des années le parc a été graduellement rétréci et modifié; le monument a été déplacé de son site original, l’étang d’eau est disparu ainsi que les artefacts des guerres. La résidence du « chef de police », située à gauche au fond du parc, a été démolie et un petit bâtiment a été érigé près du trottoir. Il ne reste à peu près plus rien du magnifique parc des années 1950.
Maurice Langlois