On peut déjà présumer que ceux qui mettront les pieds pour la première fois dans le futur complexe sportif de l’école La Ruche seront impressionnés. Tout comme l’ont été, en 1974, ceux qui ont assisté à la création de cette institution. Avec ses deux gymnases adjacents, sa salle d’haltères, sa palestre, sa piscine et ses équipements, La Ruche s’imposait alors comme le centre sportif le plus diversifié de Magog.
Il faut dire que les Magogois n’ont pas été choyés dans ce domaine. En fait, avant 1960, seul le Princess Elizabeth High School, situé du côté sud de la rivière Magog, possède un gymnase digne de ce nom. Dans les autres écoles, les quelque 3000 étudiants de la Commission scolaire de Magog pratiquent l’éducation physique dans des salles aux dimensions restreintes et aux plafonds peu élevés, pour la plupart inadéquates à l’enseignement de cette discipline.
L’année 1960 marque un tournant. En effet, on entreprend au cours de l’année la construction d’une annexe d’envergure à l’école Saint-Patrice, un bâtiment datant du début du siècle qui avait déjà été agrandi au cours des années 1930. Érigée au coût de 325 000 $, cette annexe contient des locaux, une salle de jeu ainsi qu’un gymnase moderne, susceptible de répondre aux attentes des jeunes Magogois.
Et des moins jeunes aussi, car une entente permet, une fois les heures de classe terminées, que le gymnase puisse servir à l’ensemble de la population. Un organisme, Les Loisirs de Magog inc., est mis sur pied dans cette optique. Sous la présidence de Rolland Laforest, il a tôt fait de lancer une souscription publique dans le but de se procurer les meilleurs équipements possible. Des dizaines de citoyens et d’entreprises y participent et, en l’espace de quelques mois, on estime le nombre de membres en règle à 1800, un chiffre qui illustre bien la demande pour ce genre de services.
Le pavillon de l’école Saint-Patrice est béni le 7 mai 1961, en présence de l’archevêque de Sherbrooke, Mgr Georges Cabana, de dignitaires locaux et d’environ 400 curieux. Mais les activités, elles, avaient commencé dès novembre 1960. Ce n’est pas la variété qui manque puisque l’on peut y faire du patin à roulettes, du badminton, du tennis de table, du ballon-volant, du ballon-panier, etc. Plusieurs activités sociales – danses, galas, soirée électorale, etc.- se déroulent également dans le gymnase de la rue Saint-Patrice qui, avec la fermeture de l’aréna de la rue Sherbrooke, peu de temps après, devient le pôle privilégié de la vie sportive locale.
Avec la Révolution tranquille et la modernisation du système d’éducation québécois, de nouveaux complexes sportifs plus spacieux verront bientôt le jour, faisant vite oublier le rôle majeur joué par le pavillon de l’école Saint-Patrice dans la promotion de l’activité physique à Magog. Les jeunes gymnastes qui le fréquentent encore nous rappellent toutefois que l’on continue toujours de s’y dégourdir les jambes, comme le souhaitaient ceux qui furent à son origine en 1960.
On peut même dire que cet engouement pour la « gym » constitue en quelque sorte un retour aux sources, puisque c’est à cet endroit qu’entre 1966 et 1973 les Intrépides, puis les Conquérantes de René Teasdale, peaufinaient les manœuvres qui allaient les faire connaître à travers la province.
Serge Gaudreau