Dans nos archives

Extrait de THE WALK IN JUNE

A walk in June, in early June,
Our sweet Canadian June—
When every tree is all in leaf,
And every bird in tune;
When laughing rills leap down the hills
And through the meadows play,
Inviting to their verdant banks
The old, the young, the gay.

When not a cloud is in the sky,
Nor shadow on the lake
Save what the trees that line the shore
And little islands make,—
When every nook where’er we look,
Is bright with dewy flowers,
And violets are thickly strewn
As though they fell in showers.

(…)

Helen Mar Johnson (1834-1862), Magog

La famille Johnson fait partie des familles pionnières de Magog et le poème de Helen Mar Johnson nous transporte au cœur de Magog, en juin, il y a plus de 160 ans.

Jonathan Johnson, le grand-père d’Helen Mar, est un ancien soldat américain qui s’installe dans le canton d’Hatley en 1802. Dans l’ouvrage Forest and Clearings: The History of Stantead County, son fils Abel relate la sombre aventure de son père qui débute à sa capture lors de la bataille de Ticonderoga (présumée celle de 1777) par un groupe autochtone pour se terminer en 1783, après 3 ans de captivité comme prisonnier de guerre aux mains de l’autorité britannique à Québec. Il est ensuite autorisé à retourner chez lui, mais revient s’installer dans le canton d’Hatley en 1802. Son fils Abel Boynton y naît en 1803.

Abel (uniquement nommé Boynton Johnson dans l’acte de mariage) épouse Polly Chamberlin en 1823 à Hatley. Le grand-père de Polly n’est nul autre que Ebenezer Hovey : Le premier à s’établir sur la rive est du lac Memphrémagog, dans le canton d’Hatley sur le territoire de la Ville de Magog actuel, dans la dernière décennie du XVIIIe siècle. Cela correspond à peu près au moment où Ralph Merry prend possession de ses terres dans le canton de Bolton au nord de la rivière Magog. Cependant, contrairement à Ralph Merry, Hovey ne s’établira pas de façon permanente du côté du lac Memphrémagog, s’établissant rapidement près du lac Massawippi.

Selon Benjamin F. Hubbard (Hubbard 1874), C’est à partir de 1832 qu’Abel réside à l’Outlet (Magog). Rappelons que la désignation de Magog ne viendra que quelques années plus tard, alors qu’en 1832 on parle plutôt de l’Outlet (décharge du lac) pour désigner le hameau qui se forme au nord-est du lac Memphrémagog, de part et d’autre de la rivière Magog. Le hameau se situe en partie dans le canton de Bolton (nord de la rivière) et dans le canton d’Hatley (sud de la rivière). Il est donc difficile de dire si en 1832 Abel a déjà traversé la rivière vers le Canton de Bolton, mais la vente qu’il effectue d’un lot entre le lac Memphrémagog et l’extrémité nord du lac Lovering à James Brown, le 6 février 1832 (archives du notaire William Ritchie, acte 1966), est peut-être en lien avec cette transition vers le nord.

Propriétés d’A.B. Johnson mises en évidence sur un extrait d’un plan de Magog en 1866. Les flèches indiquent les accès probables aux chemins publics. (Source: Plan of Magog, Department of Crown Land, Ottawa, 1866. Archives Ville de Magog, PL71M005_1_2 )

Quoiqu’il en soit en 1845, il est nommé juge de paix pour le district de St-François et réside dorénavant dans le canton de Bolton (L’aurore des Canadas, 16 octobre 1845). Il semblerait qu’il ait acquis dans la première moitié du XIXe siècle, une importante étendue de terre couvrant une grande partie des terrains au nord de la rue Saint-Patrice Ouest actuelle, dont le tracé n’existait pas à l’époque.  Les terres d’Abel se situent donc un peu en retrait des activités économiques et institutionnelles naissantes sur  la rue Principale. Néanmoins, sur une carte de 1866, on peut observer qu’une bande de terrain donne accès à la rue principale, un peu à l’est du Parc des Braves actuel, et que la rue Goff  (futur tronçon est de la rue Saint-Patrice Ouest) permet de rejoindre la rue Sherbrooke depuis la propriété de A.B. Johnson. 

Abel se dit fermier sur le recensement de 1861 et il habite avec sa femme Polly, leur fille Hellen, dont la profession indiquée est poétesse, et leur fils Edwin, âgé de 21 ans, qui est alors instituteur. Ses filles aînées, Sara A. et Josephine, ont déjà quitté la maison à cette date. Une maison sera éventuellement érigée par Abel ou son fils Edwin sur une autre parcelle de terre qui est identifiée comme appartenant à Abel et Georges O. Somers, le mari de Sara, sur le plan de 1866. Elle existe toujours et fait partie des plus beaux bâtiments du patrimoine bâti de la Ville de Magog, connu sous le nom de Sunnyside ou maison Johnson. Sa date de construction porte à débat, mais elle est plus récente que l’arrivée des Johnson à Magog. Il est donc probable qu’une résidence familiale antérieure ait occupé un autre emplacement, voire que la famille n’occupe pas les terres exploitées pour l’agriculture.

La maison Johnson (Sunnyside) alors qu’elle fait face au sud. Archives historiques de la Société d’histoire de Magog. IN2.
Gauche: Abel Boyton Johnson dans Forest and Clearings (Hubbard 1874)
Centre: Hellen Mar  Johnson, Archives historiques. La Société d’histoire de Magog,  IN2-B-27-0005
Droite: Edwin R  Johnson, Archives historiques. La Société d’histoire de Magog,  IN2-B-27-0006 

L’auteure du poème “The Walk in June”, Helen Mar Johnson, est la troisième fille d’Abel, née à Magog en 1834. Elle publie un premier poème, intitulé “The Forest”, dans le Stanstead Journal alors qu’elle est adolescente. Déjà versée dans l’écriture, elle part étudier à Derby Center et y gradue en 1852, puis y enseigne brièvement. En 1853, elle reçoit un prix de la Literary and Historical Society of Quebec City pour son poème intitulé “The Surrender of Quebec”. Elle écrit en 1855 un journal entier en vers qui sert encore d’exemple en littérature. Selon ses écrits, on perçoit un constant tiraillement entre sa dévotion religieuse et son esprit vagabond. La poétesse est affligée par la maladie en 1856 et meurt tristement entre 1862 et 1863.

La sœur aînée d’Helen, Sara A. Johnson, a épousé le Dr Georges Orland Somers en 1849 à l’église Union (Meeting House), le seul lieu de culte  de la communauté à l’époque. Elle meurt en 1870, âgée de 46 ans. Elle fait partie, tout comme Helen (Ellen) et Abel,  des personnes inhumées au cimetière de l’église union qui sont commémorées au cimetière Pine Hill, mais dont la sépulture pourrait toujours se trouver sous le stationnement de la petite église de la rue Merry Sud. 

Son autre sœur, Josephine, a pour sa part épousé le révérend John Muir Orrock qui sera l’éditeur de l’ouvrage rendant hommage aux écrits de Helen, intitulé Canadian Wild Flowers: Selections from the Writings of Miss Helen M. Johnson, of Magog, P.Q.,  Canada : with a Sketch of Her Life. Joséphine et son mari déménagent probablement au Massachusetts en 1867, alors que son mari accepte une charge éditoriale au Advent Herald de Boston. Effectivement, Orrock fut une figure importante du courant adventiste au Canada et dans la région. 

Selon le recensement de 1871, après la mort d’Abel en 1867, sa veuve Polly demeure avec le Dr Georges O. Somers dans sa maison de la rue des Pins, voisine de la Maison Johnson. La maison Somers fait également partie du patrimoine bâti actuel de Magog. Polly meurt cependant à Brookline (Massachusetts), en 1877, âgée de 78 ans.  Elle y a sûrement rejoint sa fille Josephine qui décède également à Brookline en 1882, âgée de 53 ans. Polly est enterrée à Magog en 1878, possiblement dans le cimetière de l’église Union également.

Edwin, le frère cadet, enseigne probablement dans sa jeunesse à la Magog Academy, située au nord du lot Academy sur le plan de 1866 et au sud-ouest des terres de la famille. Son père fait d’ailleurs partie des fondateurs de l’institution. Dans une des entrées de journal d’Helen, elle mentionne regarder Edwin patiner depuis la résidence que l’on présume être la Maison Johnson. C’est Edwin qui hérite des terres de son père après son décès en 1867. Il ne retourne vraisemblablement pas y résider puisqu’il demeure à Stanstead Plain avec sa femme Harriett en 1871. En 1881, ils y vivent toujours entourés de leurs enfants, alors que Edwin occupe la profession d’avocat.  Edwin est probablement à l’origine du morcellement de la terre familiale, puisque c’est E.R. Johnson qui y effectue plusieurs ventes durant les années 1880.

Edwin, le frère cadet, enseigne probablement dans sa jeunesse à la Magog Academy, située au nord du lot Academy sur le plan de 1866 et au sud-ouest des terres de la famille. Son père fait d’ailleurs partie des fondateurs de l’institution. Dans une des entrées de journal d’Helen, elle mentionne regarder Edwin patiner depuis la résidence que l’on présume être la Maison Johnson. C’est Edwin qui hérite des terres de son père après son décès en 1867. Il ne retourne vraisemblablement pas y résider puisqu’il demeure à Stanstead Plain avec sa femme Harriett en 1871. En 1881, ils y vivent toujours entourés de leurs enfants, alors que Edwin occupe la profession d’avocat.  Edwin est probablement à l’origine du morcellement de la terre familiale, puisque c’est E.R. Johnson qui y effectue plusieurs ventes durant les années 1880.

Josianne Jetté, 22 juin 2023

Société d’histoire de Magog

  • Sources:
  • Archives du notaire Henri St-Louis (1865-1873). Fonds Cour supérieure. District judiciaire de Richelieu. Greffes de notaires – BAnQ Vieux-Montréal.
  • Archives du notaire William Ritchie (1822-1872). Fonds Cour supérieure. District judiciaire de Saint-François. Greffes de notaires – Archives nationales à Sherbrooke.
  • Artefactuel 2021 Étude de potentiel archéologique de la Ville de Magog. Ville de Magog. Rapport inédit.
  • Baptist Church, Stanstead. Registres paroissiaux et Actes d’état civil du Québec (Collection Drouin), 1621  à 1968.
  • Bergeron-Gagnon Inc. 2007 Inventaire et étude du patrimoine bâti. Ville de Magog. Rapport inédit.
  • Canada’s Early Women Writers. Helen Mar Johnson. Canada’s Early Women Writers, 18 May 2018.
  • Benjamin F.  Hubbard 1874 Forests and Clearings. The History of Stanstead County, Province of Quebec, with sketches of more than five hundred families. John Lawrence.
  • Daniel Hovey Association 1914 The Hovey Book: Describing the English Ancestry and American Descendants of Daniel Hovey of  Ipswich, Massachusetts. Press of L.R. Hovey.
  • Find a grave https://www.findagrave.com
  • Recensements du Canada de 1861, 1871 et 1881, Ottawa, Ontario, Canada : Bibliothèque et Archives Canada 
  • Registre foncier du Québec, circonscription de Stanstead, cadastre de la Ville de Magog.
  • Rev. John Muir Orrock 1884 Canadian Wild Flowers: Selections from the Writings of Miss Helen M. Johnson, of Magog, P.Q.,  Canada : with a Sketch of Her Life by Rev. J.M. Orrock.

Notre incursion dans les feuillets jaunis et dans la paperasse de m. Thomas R. Stock, nous permet de pénétrer dans le quotidien d’un homme de langue anglaise qui, dans les années 1930, travaillait dans les bureaux de la Dominion Textile de Magog. En tant que superviseur du département des «paies», m. Stock était en constante correspondance avec les patrons du bureau-chef de la compagnie située à Montréal. L’échange de lettres entre m. Stock et ces messieurs de Montréal nous informe sur les différentes réglementations qui régissaient l’échelle salariale des employés de l’usine vers 1937, de même que sur les besoins des départements en fournitures diverses. Par exemple, dans une lettre adressée au contrôleur de Montréal en 1937, m. Thomas Stock fournit la liste des appareils de bureau qui sont utilisés au Print Works ainsi qu’au Mechanical Department. Le père de m. Stock, m. Richard Stock, avait, quant à lui, travaillé aux pressoirs de l’imprimerie des tissus (Print Works).

Fonds PR093 Famille Stock

Du mois de novembre 2021 au mois de janvier 2022, nous avons épluché le contenu d’une grande boîte renfermant une importante documentation, en anglais, qui avait été ramassée et conservée par m. Thomas R. Stock. Cette précieuse documentation, nous fut remise par un descendant de cette famille qui compte plusieurs générations de citoyens de la Ville de Magog. Minutieusement, nous avons donc trié, classifié et répertorié, dans un fichier informatique prévu à cet effet, une quantité appréciable de correspondance d’affaires, de pamphlets publicitaires, de brochures informatives, de bons de livraison, de reçus de paiement, de rapports annuels de la Dominion Textile et de d’autres associations sociales et de factures diverses concernant des achats liés à des besoins personnels tout autant qu’à des projets reliés au commerce d’œufs et de volaille ainsi qu’à des vacances et à des croisières.

Sur un plan plus personnel, certains reçus pour paiement nous informent que jusqu’à leur décès en 1938, les parents de m. Thomas R. Stock habitaient avec leur fils au no. 3 de la rue MacDonald à Magog. Également, par le biais d’une bonne partie de la documentation, nous apprenons, qu’au milieu des années 1930, m. Stock s’est investi dans l’élevage de poulets et dans le commerce des volailles et des œufs. Étant donné qu’il occupait toujours son emploi à la Dominion Textile et qu’il semblait toucher un assez bon salaire pour l’époque, on peut se demander ce qui motivait m. Stock à s’installer comme éleveur et commerçant avicole.

La quantité assez surprenante de factures d’épicerie, de quincaillerie, de matériaux de construction, de vêtements, de transport par train, de garagistes, de ferronnerie, de charbon et de bois de chauffage, nous renseignent sur les prix des marchandises entre les années 1920 et 1940. Les multiples achats de m. Thomas Stock, ainsi que ceux de son père, nous permettent également de connaître les noms et les adresses de plusieurs marchands de l’époque habitant la ville de Magog et ses environs.

Le contenu du «Fond Famille Stock» nous ouvre donc quelques bonnes pistes de recherche qui ne peuvent que contribuer à enrichir l’histoire industrielle et sociale de la ville de Magog. À ce titre, les divers documents qui constituent le «Fond Famille Stock» méritent très certainement d’être conservés dans les archives de la Société d’Histoire de Magog.

Depuis 2005, le 27 octobre est désigné par l’ONU comme la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel. C’est pourquoi cette semaine nous vous présentons une publicité produite dans le cadre de l’édition 1989 de la Traversée internationale du lac Memphrémagog. Le Fonds Traversée internationale du lac Memphrémagog, comprend, en plus de nombreux documents textuels et iconographiques, plus de soixante cassettes VHS qui témoignent de l’événement entre 1988 et 2002. Bon visionnement!

 

Description du document:

Ce livre de compte a appartenu à Ralph Merry et témoigne des activités dans son commerce à partir de 1857. Sa lecture nous éclaire notamment sur les produits vendus et consommés à Magog au milieu du 19e siècle et nous donne un aperçu du quotidien des Magogois et des Magogoises de l’époque. Il est l’un des nombreux documents que comprend le fonds Famille Merry.

Description du fonds Famille Merry :

Ralph Merry III, patriote de la Révolution américaine, arrive à l’Outlet, aujourd’hui Magog, le 20 mars 1799, avec sa femme et leurs huit enfants. Ils habitent une cabane de bois rond jusqu’à la construction de la « maison Merry », en 1821. L’année suivante, Ralph III (1re génération) transfère la maison à son fils Ralph IV (2e génération), à la condition qu’il pourvoie aux besoins de ses vieux parents. L’année suivante, Ralph IV transfère la maison et cette responsabilité à son frère cadet Benjamin, qui l’occupera jusque dans les années 1830. À cause d’une interruption dans les journaux intimes de Ralph IV, il est difficile de fixer avec précision la date d’occupation de la maison par Ralph V (3e génération), qui l’habitera jusqu’à son décès en 1887. Par testament, Ralph V la lègue à sa fille Florence (4e génération) et elle l’occupera jusqu’à son décès, en 1928. Florence avait désigné son frère Horace et sa femme comme usufruitiers (à vie) de la propriété, mais ce ne sera qu’au décès du dernier survivant que la propriété pourra être vendue. Horace décède en 1931 et sa femme en 1942.

Le dentiste Marston E. Adams, qui avait épousé, en 1922, Annie Elizabeth (5e génération et fille de Horace) achète la propriété en 1944. En 1927, ils ont eu une fille, Gene Adams (6e génération), qui l’habite avec ses parents jusqu’à son mariage en 1948. Annie décède en 1948 et Marston Adams épouse en secondes noces Nellie Broadbent. Adams décède accidentellement en 1951 et, 2 ans plus tard, Ernest Fields, beau-frère de Nellie Broadbent-Adams, devient copropriétaire avant de devenir propriétaire unique. C’est par ce filon que les derniers propriétaires occupants, Garth et Joyce Fields, ont acquis la maison en 1989. La ville de Magog acheta la maison Merry aux Fields en 2009.

Le fonds Famille Merry comprend plus de 5 000 documents iconographies et de nombreux documents textuels.