Actualité historique

William Miller – Source:

Avec les conséquences désastreuses du réchauffement climatique qui entraîne des sécheresses, des inondations, des pandémies et bien d’autres fléaux, plusieurs groupes de personnes pensent que l’humanité, devenue trop corrompue, court à sa perte dans des scénarios catastrophiques de «fin du monde»? Cependant, ce n’est pas la première fois que la fin des temps est annoncée et même prévue dans un avenir prochain.

Dans les années 1830, après avoir passé deux ans à étudier scrupuleusement certains passages de la Bible, William Miller, un fermier américain de religion Baptiste, était convaincu que, pour la deuxième fois, Jésus-Christ reviendrait sur la terre afin d’y établir son Royaume. Par conséquent, le retour du Christ signifiait la destruction de tous les royaumes terrestres et donc, l’arrivée d’une gigantesque fin du monde. Alors que le Déluge avait englouti le monde dans l’antiquité, cette fois-ci, selon Miller, c’est par le feu que le monde serait détruit. Bien sûr, le Christ sauverait de la mort et de la destruction tous ceux et toutes celles qui se repentiraient de leurs péchés et qui adhèreraient à son mouvement de renouveau spirituel, le millénarisme, alors que les autres périraient dans d’affreuses conditions sans espoir de ressusciter au jugement dernier. Basé sur les chiffres annoncés dans le livre des prophéties de Daniel « Unto two thousand and three hundred days; then shall the sanctuary be cleansed» (Bible, Daniel chapitre 8: verset 14), William Miller avait calculé, en remplaçant les jours par des années, que la date fatidique du retour du Christ et de la fin du monde serait aux alentours de l’année 1843. 

Dans le but de répandre son message de repentir et de préparation à la venue du Sauveur et à la fin du monde, William Miller commença alors à prêcher de village en village. Les Cantons de l’Est, où son mouvement reçut un accueil très favorable, fut la première région qu’il visita. Sa première tournée de prêche en 1835, l’emmena donc à Hatley, à Georgeville, à Magog et à Stanstead, ainsi qu’à plusieurs autres endroits tels Lennoxville, Ascot et Cookshire. C’est à Magog, où Miller avait des amis, qu’il vint prêcher la fin du monde plus de quatre fois entre 1835 et 1840. 

La foi et le zèle de quelques prêcheurs «millérites» tels Richard Hutchinson, responsable en chef du mouvement pour les Cantons de l’Est, Henry Buckley, I. H. Shipman et I. R. Gates, de même que les publications de journaux et de brochures du mouvement millénariste, attirèrent bientôt des milliers d’adeptes qui, convaincus de la véracité du message transmis, changèrent radicalement leur vie en fermant leur commerce ou en vendant à bas prix leur ferme et leurs animaux. 

Dépouillés de toute possession matérielle et prêts à accéder au Royaume de Jésus-Christ, ces milliers de gens attendaient anxieusement qu’arrive la fin du monde prévue pour le 14 avril 1843, selon les calculs du prédicateur William Miller. 

Cette journée fatidique se passa comme toute autre journée sans que ne surviennent les grandes catastrophes naturelles, le feu dévastateur et les destructions annoncées. Reprenant alors ses calculs, William Miller se ravisa sur son erreur et annonça que le 22 octobre 1844, était la vraie date du retour du Christ. Malheureusement pour ces milliers de «millérites», le Christ n’est pas réapparu dans le ciel et la fin du monde ne s’est pas produite au cours de la journée prévue. Un grand désappointement s’ensuivit et, désabusés et terriblement déçus, plusieurs membres quittèrent le mouvement millénariste. 

« Our disappointment was great, écrit Miller, certainly an error had been made, but which one? The Bible must have the answer.». Écrivant de Stanstead, J. Merry décrivait cette période: «There are a few here who are looking for God coming soon, and set up his everlasting kingdom. We are determined to wait and look for the coming of the Lord until he shall appear. We have no thoughts of giving up our faith or turning back.». 

Se cramponnant à l’idée d’une fin du monde accompagnant le retour du Christ et l’établissement de son Royaume dans un avenir plus ou moins lointain, plusieurs figures de proue du mouvement millénariste, ainsi que William Miller lui-même, délaissèrent la recherche d’une date exacte qui leur sembla trop sujette à des erreurs d’interprétation. Au cours de l’année 1845, des prêcheurs «ex-millénaristes», des pasteurs et des propriétaires de journaux locaux, reprirent le flambeau et établirent des congrégations « Adventiste», selon une dénomination qui signifie la venue, l’avènement, dans plusieurs localités du Vermont et des Cantons de l’Est, où le message du retour imminent du Christ se faisait entendre à nouveau. Après quelques visites dans la région de l’Estrie, fatigué et malade, William Miller laissa la direction du mouvement Adventiste à Joshua Himes qui fonda des groupes Adventistes dans les localités de Stanstead, Melbourne, Waterloo, Bolton, Magog et Farnham.  Devenu aveugle en 1848, le prédicateur William Miller mourait paisiblement à son domicile de Low Hampton, dans le nord de l’État de New York, le 20 décembre 1849.

Alors qu’il y avait encore entre 50,000 et 100,000 personnes qui continuaient de croire au retour du Christ, la fin du «millénarisme» et le début du mouvement Adventiste débouchèrent sur trois courants de pensée:

Les Adventistes spiritualistes qui croyaient que Jésus était venu sur terre le 22 octobre 1844, mais en esprit seulement. Ce mouvement s’est éteint au début du 20ème siècle.

Les Adventistes d’Albany, dirigé par Joshua Himes et par le Dr Josiah Litch, fut le mouvement qui compta le plus grand nombre d’adeptes.

Les Adventistes du septième jour qui comptait seulement une cinquantaine de personnes en 1846. Ce courant de pensée qui continuait de croire au retour du Christ, à la fin des temps et au jugement dernier, tout en étant persuadé du salut d’un certain nombre de fidèles, gagna en popularité. En 1860, ce mouvement qui comptait alors 3000 personnes, s’institua en confession religieuse sous le nom de «L’Église Adventiste du septième jour». Seul mouvement héritier du «millénarisme», cette Église comptait 16 millions de membres baptisés en 2009. 

Biblio. – FORTIN, Denis. Adventism in Quebec, Andrews University Press, Michigan. 2004.

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Buckskin Joe, l’ami des indiens

Buckskin Joe, l’ami des indiens

Voici l’histoire vraiment extraordinaire de Buckskin Joe un personnage réel né de la région qui démontre que « Sky is the limit ».

Edward Jonathan Hoyt est Né à l’ombre du Mont Orford le 4 octobre 1840. Sa mère était la fille d’un capitaine de navire de Boston et son père Samuel Hoyt, était propriétaire, capitaine dans la milice de Standstead, magistrat et fut plus tard le premier maire du Canton de Magog.

Alors que Jonathan était bébé, un énorme cochon sauvage vint l’arracher à son berceau. Sa mère qui était à traire les vaches, lança son tabouret sur la bête qui se sauva en laissant Jonathan derrière. C’était la première aventure de Joe mais pas la dernière.

Jonathan était un enfant énergique et son agitation le mettait toujours dans des situations problématiques. L’épicier de Magog Calvin Abbott gardait sous son comptoir un fouet pour faire fuir les petits indésirables. Un jour, le jeune Hoyt et ses amis ont attaché le bout de la ficelle d’emballage du marchand au pantalon d’un garçon. Ils ont crié « Au feu! » et son tous partit en courant chacun de leur côté avec un des garçons en courant avec la bombine au complète derrière lui. L’épicier porta plainte aux autorités et les garçons furent punis. Ils se vengèrent en attachant une mouffette vivante par la queue à la pognée de porte de M.Abbott. L’épicier ouvre sa porte et la moufette apeurée se détache et plutôt que se sauver à l’extérieure, entre dans la maison. Plus personne n’habitera dans cette maison.

À l’adolescence Jonathan à la vivre chez son grand-père qui avait une cabane à Castle Brook à 5 milles du lac. Avec lui il apprit à trapper le vison, la loutre, l’ours, etc. autour de Cherry river et du Mont Orford. Ensemble ils pouvaient passer de une à deux semaines en forêt dormant sur des lits d’aiguilles de pins sur la neige. Il alla visiter les indiens et appris à faire de la pêche à la perche sur le Lac Memphrémagog.

À vivre dans le bois avec son Grand-père et les indiens, Jonathan se laissa pousser les cheveux et se mis à porter un manteau de peau de cerf. Un de ses trois frères lui donna le surnom de Buckskin Joe.

Un jour un cirque ambulant passa par Magog et Buckskin Joe s’y rend avec son frère. Il tombe sous le charme de la profession et il commence à apprendre à jouer de plusieurs instruments ainsi qu’à faire des acrobaties.

Alors qu’il se rend à Boston avec sa mère, l’aventure aux États-Unis commence pour Buckskin Joe. Poursuivant son attirance pour le cirque, le jeune homme performe dans des camps de bucherons ou encore des réserves autochtones. 

Lorsque la guerre de Sécession commence Buckskin Joe s’engage dans un régiment de la Pensylvanie. L’homme aventureux va se faire tirer par un rebelle et faisant preuve de vivacité d’esprit Buckskin Joe lui propose un échange : du café contre du tabac. Convaincu « Butcher-knife Bill » se dévoile et reçoit un projectile dans le chapeau de la part de Buckskin Joe. Les deux hommes partiront tout de même en bon terme.

Edward Jonathan revient à Magog pendant un court moment alors qu’il déserte l’armée américaine. Il retourne cependant dans les rangs lorsque Lincoln accorde l’amnistie pour les déserteurs. Mais, il prend la place d’un homme qui ne veut pas aller à la guerre et qui paie Buckskin Joe 900 dollars pour qu’il prenne sa place. Avec le pouvoir d’achat de nos jours les 900 dollars équivalent à 14 370.29 dollars. 

Le cirque ne reste jamais bien loin dans la profession de Buckskin Joe et il rejoint une nouvelle compagnie après la guerre. Il va aussi marier Bella Hutchins dans le New Hampshire avec qui il aura trois enfants.

En 1870, Buckskin décide de laisser le cirque de côté pour suivre son frère Albert dans le Kansas ou le Homestead Act offre 160 acres pour presque rien à quiconque s’y établirait pour cinq ans. Pendant cette période de sa vie Buckskin Joe est enfin de retour dans la nature sauvage et il s’en réjouit. Il construit sa maison en bois de peuplier et transfert sa famille de Magog à la nouvelle maison.

Le premier hiver est la pire, le bois utilisé pour la maison sèche et rétrécit ce qui créer des fentes par laquelle l’air très froide passe. Pour survivre Buckskin Joe chasse pour obtenir de la peau et de la viande.

L’été n’est pas mieux alors qu’un nuage de sauterelle traverse les États-Unis et ravage les champs. Pour passer l’hiver Buckskin Joe propose alors de commencer une guerre avec les autochtones qui sont juste au sud. Il s’agissait d’avoir un moyen d’attirer le regard du gouvernement et des vivres en tant que soldat.

Il ouvre un commerce « Athletic Grocery » et il reçoit la visite de Jesse et Frank James, les voleurs de banque. Il va d’ailleurs revoir Jesse James alors qu’il renoue avec le cirque à Leadville.

En 1884 une nouvelle aventure attend Buckskin Joe alors qu’il part pour la Nouvelle-Écosse pour chercher de l’or. Sur son chemin il passe par Magog et y trouve une ville et une montagne beaucoup plus petite que dans son souvenir.

La recherche d’or n’étant pas concluante Buckskin Joe retourne à Arkansas City et il retrouve nul autre que le rebelle avec qui il avait échangé des coups de feu « Butcher-knife Bill ». Ils partent ensemble vers le Honduras pour chercher de l’or, ce qui n’est pas concluant. Alors que Buckskin revient « Butcher-knife Bill » se rend au Mexique et y décède.

Buckskin Joe vieux

À 61 ans Buckskin Joe se rend en Californie pour être plus tranquille et y écrire ses mémoires qu’il finit à 77 ans, un an avant de mourir en 1918. Ainsi se termine les milles et unes aventures de Edward Jonathan Hoyt, le personnage bien réel. 

Premier vol de banque à Magog

Vendredi soir, 1er août 1969, 18h55.

Claudette Arguin Vachon, caissière à la Caisse populaire Magog-Est, sur la rue Saint-David, se rappelle : le directeur, Roméo Thisdèle, crie « Des voleurs! Des voleurs! » à la vue de  deux hommes cagoulés et armés. Les cambrioleurs sautent par-dessus le comptoir et menacent les clients et le personnel: « Couchez-vous par terre » « Ouvrez les tiroirs- caisses ».

Coffre fort troué

Coincée sous la machine IBM contenant les cartes de chaque sociétaire, Claudette ne peut que s’agenouiller. Elle se souvient d’un conseil que son mari Gaston Vachon, policier à Magog, lui avait donné : « Si jamais il y a un hold-up, essaie de retenir une seule chose, un détail particulier». Elle fixe donc le soulier droit du voleur tout près d’elle. Soulier noir, encavure dans la semelle….

M. Luc Beaulieu et son épouse, qui arrivent devant la caisse au moment où les bandits sortent, décident de suivre l’automobile dans laquelle les cagoulards ont pris place avec le complice qui les attendait. Alertés, les policiers Patrick Gagnon et Julien Boily entreprennent la poursuite sur le chemin de la rivière (rue Saint-Patrice Est). Le conducteur perd le contrôle du véhicule qui s’immobilise dans le fossé. Les voleurs s’enfuient vers le boisé.

La Sûreté du Québec et des centaines de citoyens prêtent main forte aux policiers. Le constable Fernand Boisvert s’installe sur le terrain de MacPherson Lumber, déménagé dans le Parc industriel, au cas où ils fuiraient par la rue Sherbrooke. Le détective Donald Lizotte scrute la forêt toute la nuit. Il pleut abondamment. À 7h samedi matin, les voleurs sont aperçus par les volontaires Benoît Légaré et Jean Bailey. Il s’agit de Serge Cadorette, 22 ans, et des frères Loiselle, Constant, 20 ans, et Jean-Guy,  25 ans, tous de Waterloo. Ils ont changé de vêtements pour se déguiser, probablement à partir d’une cache dans le bois, mais portent les mêmes souliers ! Les policiers Robert Sergent et Patrick Gagnon procèdent à leur arrestation.

Ils sont conduits en cellule au poste de police, où une foule se rassemble voulant voir les cambrioleurs. Un « line up » est constitué pour identification. À la suite de son témoignage, on demande à Claudette A. Vachon de les identifier. Puisqu’ils portaient une cagoule, le seul indice est LE soulier noir. Elle demande qu’ils montent sur une table afin de pouvoir examiner la chaussure dont elle a mémorisé les moindres détails. Identification positive.

Le détective Donald Lizotte étudie les preuves reconstituées par les policiers après avoir retrouvé les cagoules et l’auto des braqueurs, rapportée volée à Waterloo. L’enquête préliminaire a lieu le 14 août à Sherbrooke. M. Lizotte est accompagné d’une escouade spéciale de la Sûreté du Québec pour crimes majeurs.

Mme Claudette Arguin Vachon est citée à témoigner afin d’identifier les cambrioleurs.

Son souvenir du soulier noir est soumis à un interrogatoire serré par l’avocat de la défense, Me Claude Léveillée.  La preuve étant établie, le procès est transféré à Cowansville, puisque les suspects font face à d’autres accusations. Ils sont trouvés coupables du cambriolage de la Caisse populaire Magog-Est.

Et les 6 000 $ volés ? Non retrouvés. Il appert que la conjointe d’un des voleurs ayant obtenu l’information lors de sa visite en prison, aurait retrouvé le magot qui aurait servi à payer les honoraires de l’avocat de la défense, propos obtenus de source fiable à la sortie du procès.

C’était le premier vol de banque à Magog. De nos jours les hold-up sont moins fréquents, mais Il y en a quand même eu un en 2003, à la Banque de Commerce (CIBC). Intervention majeure dirigée par la Sûreté du Québec.

Danielle Lauzon

COVID-19 versus Grippe espagnole

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Depuis la mi-mars, c’est toute la planète qui s’est mise en confinement afin de ralentir la propagation du Coronavirus. Rapidement on fait un parallèle avec la première pandémie de l’air moderne qui a fait mondialement de 20 à 100 millions de mort selon différents auteurs, la grippe espagnole. Ces deux fléaux présentent des similitudes et des différences marquées qui nous permet espérer le meilleur pour la suite des choses. Le principal vecteur positif est la réaction des autorités compétentes.

La Grippe espagnole au Canada

Note de la rédaction : cette partie du texte a été écrite par Maurice Langlois en 2013.

Le fléau est entré au Canada en juin 1918, vraisemblablement par bateaux transportant des soldats revenant du front. Il a progressé lentement jusqu’à son arrivée dans les Cantons-de-l’Est, à Victoriaville, le 15 septembre, date officielle du début de l’épidémie au Québec. Le 25 septembre, plus de 400 Sherbrookois sont atteints et le 28, elle sévit à la grandeur du pays.

Quoique relativement épargnée, Magog n’y échappe pas. Parmi leurs recommandations, les autorités gouvernementales demandent que l’on évite les foules, les rassemblements et manifestations publiques et que l’on ferme les bars, théâtres, salons de quilles, écoles, etc. On recommande aussi de fermer les églises. Les temples protestants ferment dès le 5 octobre, mais l’Église catholique hésite à exempter ses fidèles de leurs devoirs religieux. Mgr H.O. Chalifoux, évêque auxiliaire du diocèse de Sherbrooke, accepte finalement, mais seulement pour le dimanche 13 octobre. Le même jour, le Magogois John O. Donigan, inscrit ce qui suit dans la bible familiale : «Today, for the first time in our recollection, we have had no mass at the church. This is on account of an epidemic of Spanish Grippe which is world-wide just now and many deaths are reported from all parts ». Le Bureau central d’hygiène ordonne aux autorités religieuses de fermer les églises. Elles n’ouvriront que le 10 novembre, la veille de l’armistice qui marque la fin du conflit. S’agit-il d’une simple coïncidence?

À Magog, où la population n’est que de quelque 5 000 habitants, il n’y a que quatre médecins : les docteurs G.A. Bowen, E.-C. Cabana, I.A. Guertin et John West. Les seules pharmacies sont la pharmacie Béique (le Dr Béique est décédé) et celle du docteur West (pharmacie Rexall). Pharmaciens et médecins, à court de moyens pour combattre efficacement la maladie, sont débordés et les heures de travail sont longues. Le 3 octobre, le docteur Cabana présente au conseil de ville un projet d’avis à afficher, indiquant les moyens à prendre pour éviter la maladie; il n’y a pas d’hôpital à Magog et la majorité des malades sont gardés chez eux. Les maisons qui abritent des personnes atteintes sont « placardées », indiquant qu’on ne doit pas y entrer. Les Hospitalières de La Crèche, avec l’autorisation du curé Brassard, transforment les classes et la salle de récréation en « hôpital » pour y recevoir les plus atteints.

La créche vers 1920
La Crèche (photographe inconnu, fonds Studio RC, coll. SHM)

Le mois d’octobre s’avère de loin le plus meurtrier. Plusieurs familles perdent 2 ou 3 membres que l’on doit enterrer rapidement, sans même passer par l’église, pour éviter la contagion. Les statistiques publiées plus tard par le Conseil supérieur de l’hygiène indiqueront qu’en octobre seulement, on a enregistré à Magog 45 décès et à Sherbrooke plus de 250. Au total, dans les Cantons-de-l’Est il y en a eu 2 146!

En novembre, l’épidémie perd de l’ampleur et les mesures prises par les autorités municipales et les médecins semblent donner de bons résultats. Les écoles, les églises et autres lieux publics peuvent rouvrir leurs portes. Il y aura bien dans la région d’autres cas de grippe avec décès, mais l’épidémie est à toutes fins pratiques terminée et la vie reprend progressivement son cours normal à Magog comme ailleurs.

Maurice Langlois 2013

Entrevue à Nous.TV sur le COVID-19

L’éclosion initiale

La perception actuelle de la grippe espagnole est un état de crise continuelle qui a duré de 1918 à 1920 mais dans les faits, ce sont trois vagues de quelques mois sur une période de trois ans qui faisaient des ravages. Il ne faut pas minimiser l’impact de l’influenza espagnole puisqu’en 1918 le Québec comptera 400 000 malades et 3% de ce nombre décèderont.

Le lieu de l’éclosion du Covid-19 est la ville de Wuhan en Chine. La mondialisation des outils de communication nous a permis de suivre presqu’en temps réel le développement des premiers cas. Du côté de la grippe espagnole, le lieu de l’éclosion n’a jamais été confirmé à 100%. La seule chose dont nous sommes sûr c’est que le virus ne vient pas d’Espagne. L’explication la plus sûr et qui fait presque consensus est que le virus serait apparu dans un compté du Kansas aux États-Unis en avril 1917. La transmission s’est faite d’abord dans la population rurale et très rapidement lorsque les fils des fermiers se joignent aux forces armées pour répondre à l’appel des drapeaux, elle sévie dans un camp d’entrainement du Kansas. Dès ce moment, la maladie est clairement identifiée et le camp est mis en quarantaine. Aucun soldat ne peut sortir du camp cependant des officiers sont transférés vers d’autres camps et commence la dispersion à travers le pays et rapidement à l’échelle mondiale.

L’incubation

C’est la deuxième vague à partir de l’été qui frappe le Québec de plein fouet. Des marins et soldats revenant d’Europe sont infectés et par rebond infectent les villes portuaires comme la Ville de Québec.

Une grande différence entre les deux virus réside dans la durée d’incubation et de la période de symptômes. Alors que le Coronavirus a une période d’incubation de 14 jours ou la victime est asymptomatique et contagieuse, L’influenza espagnol comme l’appelait les journaux francophones de l’époque avait une période d’incubation de 2 à 3 jours et de 3 à 5 jours pour les symptômes. Pour les infortunés qui en mourront, soit le virus attaque directement les poumons en deux ou trois jours et crée chez le patient une réaction ressemblant à un choc anaphylactique. Dans la plupart des cas, l’infection affaiblie le système au point que le patient meurt d’une pneumonie au bout de 10 jours.

La multiplication des cas de grippe espagnole s’est faite beaucoup plus rapidement que dans le cas du COVID-19.

Contrairement à l’épidémie actuelle, la moitié des victimes de la « Spanish grippe » sont la tranche de population des 20 à 40 ans. Les plus vieux semblent plus résistants au virus pour des raisons qui ne sont pas encore expliquées.

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La réponse des autorités

Un grand avantage de notre monde de 2020 est la fluidité de l’information. Les autorités sanitaires ont commencé à réagir avant même que le COVID-19 touche le sol Québécois. Quand les premiers cas se sont manifestés, la réponse des gouvernements a été relativement rapide et on a commencé à confiner la population.

Pour la grippe espagnole, les autorités n’avaient pas d’organisme de coordination et la réponse fut lente par rapport à la vitesse de propagation. Dès le début de la crise, on blâme les autorités pour leur inaction. La vitesse du virus est telle que les hôpitaux se remplissent du jour au lendemain. Le personnel médical est aussitôt en pénurie infecté par la maladie. Cette pénurie est aggravée par la Grande guerre, des médecins et des infirmières étant mobilisés au front.

La rapidité et le sérieux de la réponse sont très significatifs dans le bilan de la grippe espagnole. Selon un article bien documenté de Wikipédia : « Le gouvernement des Samoa américaines isola l’archipel et parvint à protéger sa population. À l’inverse, les autorités néo-zélandaises des Samoa occidentales firent preuve de négligence, et 90 % de la population fut infectée. 30 % de la population adulte masculine, 22 % des femmes et 10 % des enfants périrent. »

En conclusion

L’épidémie de grippe espagnole a terrassé une bonne partie de la population mondiale déjà éprouvée par la Grande guerre. Contrairement à la croyance populaire, elle n’a pas été une période de crise continue de plusieurs années mais trois vagues agressives et mortelles de quelques mois. Ce que nous vivons aujourd’hui est un marathon qui nous demande beaucoup de résilience. L’accessibilité de l’information, les avancés de la science et de la médecine actuelle, l’organisation des agences de santé, la rapide réponse des autorités (du moins au Québec) et la discipline de la population ne peuvent se comparer avec ce qui s’est vécu il y a 100 ans pour la grippe espagnole. Suite à ce constat, nous ne pouvons que nous dire que : « Ça va bien aller! »

Bibliographie

Agence Parcs Canada, G. du C. (2020, mars 30). La grippe espagnole au Canada (1918-1920)—Histoire et culture. https://www.pc.gc.ca/fr/culture/clmhc-hsmbc/res/doc/information-backgrounder/espagnole-spanish

BAnQ numérique. (s. d.). Consulté 29 avril 2020, à l’adresse http://numerique.banq.qc.ca/

Gagnon, A. (2019, juillet 15). Article. https://nouvelles.umontreal.ca/article/2020/04/15/coronavirus-et-grippe-espagnole-l-histoire-se-repete/

Grippe espagnole : La grande tueuse. (2015, septembre 8). Québec Science. https://www.quebecscience.qc.ca/sante/grippe-espagnole-la-grande-tueuse/

Grippe espagnole—Wikipédia. (s. d.). Consulté 8 mai 2020, à l’adresse https://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe_espagnole

ICI.Radio-Canada.ca, Z. S.-. (s. d.). Ce qui a changé et ce qui n’a pas changé depuis la grippe espagnole | Coronavirus : Ontario. Radio-Canada.ca; Radio-Canada.ca. Consulté 29 avril 2020, à l’adresse https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1690507/coronavirus-grippe-espagnole-toronto-montreal

Langlois, M. (2013). La grippe aviaire nous rappelle la grippe espagnole – Histoire-Magog. Histoire Magog. http://www.histoiremagog.com/la-grippe-aviaire-nous-rappelle-la-grippe-espagnole/

Réactions anaphylactiques—Troubles immunitaires. (s. d.). Manuels MSD pour le grand public. Consulté 5 mai 2020, à l’adresse https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-immunitaires/r%C3%A9actions-allergiques-et-autres-troubles-d%E2%80%99hypersensibilit%C3%A9/r%C3%A9actions-anaphylactiques?query=Anaphylaxie

Sherbrooke daily record, 1897-1969 | BAnQ numérique. (s. d.). Consulté 29 avril 2020, à l’adresse http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3098893?docsearchtext=influenza

Au début du 19e siècle, Magog, à cause de sa position géographique, est une région plutôt isolée. Se rendre aux États-Unis est possible grâce aux traversiers qui liaient Magog à Newport ; or, se rendre à Montréal présente un défi bien plus imposant. D’ailleurs, les difficultés de transports limitent souvent les industries de l’époque qui ne peuvent atteindre les autres marchés.

Il va sans dire que la formation de la Stanstead, Shefford and Chambly Railroad en 1853 souffle un vent d’espoir chez les Magogois et les Magogoises. Dès lors, le conseil municipal du canton de Magog prend la décision de financer le projet dans l’expectative que celui-ci se rende jusqu’à chez lui. Hélas, la construction du chemin de fer s’arrête à Waterloo en 1862, faute de fonds insuffisant, et ne se rend même jamais à Chambly. Malgré cette interruption, le conseil municipal de Magog, fort motivé, continue de faire pression pour la construction du chemin de fer, tant le besoin d’obtenir une communication ferroviaire avec l’extérieur se faisait sentir. Même si peu à peu, la région des Cantons de l’Est est desservie, Sherbrooke notamment, et qu’elle sort de son isolement, Magog reste inatteignable en train. Le 6 septembre 1876, les conseillers municipaux de Magog décident d’investir, même après deux contributions monétaires peu concluantes, la somme de 15 000$ dans la Waterloo and Magog Railway pour assurer que le circuit ferré se rende jusqu’à eux. C’est à partir du 29 décembre 1877 que le canton de Magog est officiellement desservi. À l’époque, le trajet jusqu’à Waterloo dure 55 minutes pour une distance de 23 miles. Malgré cette bonne nouvelle, le canton de Magog, avec tous ses investissements, se trouve dans une bien mauvaise position alors que ses investissements l’a endetté de 10 000$, une somme énorme à l’époque, surtout considérant que le chemin de fer ne serait jamais vraiment rentable.

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On aperçoit le chemin de fer qui parcours la rivière Magog vers 1925 – Fonds Bibliothèque Memphrémagog. La Société d’histoire de Magog

Quelques années plus tard, d’autres embûches ! En 1887, le canton de Magog a failli perdre son chemin de fer alors que le Canadien Pacifique arrête un autre tracé pour sa voie de l’Est. Celui-ci passerait au nord de Magog, ce qui provoquerait l’isolement à nouveau. Heureusement, le maire de la municipalité du Canton de Magog, Alvin H. Moore, fait pression et réussi à ce que le chemin de fer continue de passer à Magog.

Certes, le chemin de fer aura une grande portée sur l’économie de Magog. Aujourd’hui, bien que le train ne soit plus le transport de prédilection à Magog, il est loin de tomber aux oubliettes. En effet, le train touristique Orford Express permet aux visiteurs de découvrir la région autrement, comme dans le temps…

Du 17 juillet au 1er août, le Québec en entier célèbrera le quarantième anniversaire des Jeux olympiques de Montréal. Alors que la majorité des épreuves se sont déroulées dans la grande région de Montréal, quelques-unes d’entre elles, le soccer et le handball, ont pris place dans la région des Cantons-de-l’Est. Évidemment, l’évènement a longuement été discuté dans les médias. Tour d’horizon sur ce que La Tribune et le Progrès de Magog avaient à dire sur le sujet.

Le journal La Tribune avait déployé toute une équipe pour assurer la couverture complète des Jeux olympiques de Montréal. Plus d’une dizaine de journalistes et photographes étaient assignés à différents postes, de Montréal à Bromont, en passant par Kingston et Sherbrooke.

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Une publicité annonçant les compétitions de soccer et de handball à Sherbrooke – La Tribune

L’Unité d’opération olympique de Sherbrooke aussi voulait être à son meilleur. En effet, elle a été la seule à tenir quatre répétitions générales en prévision des JO de 1976 afin de s’assurer d’être prête pour accueillir les athlètes et les spectateurs.

Fait troublant et cocasse à la fois, La Tribune rapportait, le 26 juillet 1976, une alerte à la bombe au Palais des sports de Sherbrooke durant le déroulement d’un match de handball Yougoslavie-Japon auquel assistaient près de 2500 personnes. Les policiers alertés ont vite retrouvé la supposée bombe et se sont rapidement rendu compte qu’il manquait un attrait important à cette dernière… l’explosif ! Donc, fort heureusement, rien de grave n’est arrivé.

Plus tard, dans l’édition du 28 juillet 1976, alors que les compétitions sportives de soccer et de handball avaient pris fin, le journaliste Mario Goupil faisait le point sur l’ensemble des compétitions ayant eu lieu à Sherbrooke. Il rapportait que quelque 400 personnes ont travaillé directement dans la région pour faire du déroulement des compétitions un succès et que 25 000 à 30 000 spectateurs auraient pris place dans les estrades.

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Une annonce du Ministère des Communications parue dans le Progrès de Magog peu avant les JO de 1976 – Le Progrès de Magog. La Société d’histoire de Magog

Du côté de Magog, on se souvient des éditoriaux au sujet des JO. On peut lire dans le Progrès de Magog du 7 août 1976, l’éditorial d’une dénommée Marie-Paul qui s’exprimait comme suit : « Les athlètes olympiques nous ont-ils laissé au moins le goût de nous entraîner physiquement ? Ou continuerons-nous, pour la plupart à demeurer des sportifs en fauteuil qui, une bière, une liqueur douce ou un sac de chips à la main se contentent de regarder courir les autres sur notre petit écran ? ». À réfléchir…

Enfin, en dehors du domaine des compétitions, la ville de Sherbrooke a également été hôte dans le cadre des visites régionales pendant les Jeux olympiques. En effet, une petite annonce du Progrès de Magog du 14 juillet 1976 invitait les athlètes régionaux intéressés à poser leur candidature pour accompagner les athlètes olympiques lors d’une visite de l’Estrie le 27 juillet 1976. Y aviez-vous participé ?

La fête du Canada est célébrée en l’honneur de la naissance du Canada le 1er juillet 1867, officialisée par la signature de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. Cet acte, aujourd’hui connu sous le nom de Loi constitutionnelle de 1867, crée la constitution Canadienne et donne au pays le titre de Dominion. Cela accorde au Canada une autonomie certaine, bien que la Couronne britannique soit encore considérée comme la mère patrie. L’Acte de l’Amérique du Nord britannique répartit les responsabilités entre les pouvoirs fédéraux et provinciaux tout en définissant le droit des citoyens canadiens et des citoyennes canadiennes. À l’époque, le territoire du pays s’étend seulement au Nouveau-Brunswick, à la Nouvelle-Écosse, à l’Ontario et au Québec. Ce n’est qu’en 1999 avec l’introduction du Nunavut que le Canada devient tel qu’on le connaît aujourd’hui.

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Parade de la fête de la Confédération en 1958 – Fond studio RC. La Société d’histoire de Magog

En 1868, l’année suivant la signature de l’Acte, le vicomte Monck, alors premier gouverneur général du Canada, signe une proclamation invitant tous les Canadiens et les Canadiennes, alors sujets de Sa Majesté la reine d’Angleterre, à célébrer le 1er juillet. Une dizaine d’années après, une loi fédérale désigne l’anniversaire de la Confédération comme la « fête du Dominion ». Ce n’est que le 27 octobre 1982, peu de temps après l’adoption de la Loi constitutionnelle de 1982, qui rapatriait la Constitution et donne au Canada son indépendance politique totale, que la « fête du Dominion » se transforme en « fête du Canada ».

La fête du Canada est joyeusement soulignée depuis ses débuts, bien que la formule de la fête ait légèrement évolué. En effet, alors qu’au début du 20e siècle, cette célébration est dédiée aux Pères de la Confédération et aux Canadiens ayant combattu en Europe pendant la Première Guerre mondiale, on assiste, à l’aube du 150e anniversaire du Canada, à une célébration des valeurs canadiennes comme la diversité et le multiculturalisme. Entre temps, plusieurs villes canadiennes se sont dotées de festivités locales et s’assurent, chaque 1er juillet, de faire briller le ciel de mille feux, tradition encore en vigueur aujourd’hui.

Bonne fête du Canada à tous et toutes !

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Des majorettes à la parade de la fête de la Confédération en 1958 – Fond studio RC. La Société d’histoire de Magog

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Pendant longtemps, toutes les parades de la Saint-Jean-Baptiste présentent un petit garçon blond en l’honneur du saint du même nom. En voici un lors d’un défilé de 1920 – Fond Bibliothèque Memphrémagog. La Société d’histoire de Magog

Célébrée à coup de fleurdelisé et de feux d’artifices tous les 24 juin, la fête de la Saint-Jean-Baptiste est bien plus qu’une journée de réjouissance. Coup d’œil sur son origine. La Saint-Jean-Baptiste vient de la naissance de saint Jean Baptiste,  dont le récit se trouve dans les Évangiles puisqu’il serait le cousin de Jésus Christ. Dans les églises catholiques et orthodoxes, on le célèbre tous les 24 juin depuis plusieurs siècles. La Saint-Jean-Baptiste est d’ailleurs soulignée, sous des motifs religieux, dans les zones catholiques de la Belgique, l’Espagne, la France et l’Italie.

L’arrivée de cette commémoration au Québec remonte au débarquement des colons français en Nouvelle-France. Dans la province, la fête religieuse, qui autrefois soulignait le solstice d’été, laisse tranquillement sa place à la fête nationale du Québec. C’est ainsi qu’au Canada français, on considère le 24 juin comme une fête nationale depuis 1834 alors qu’on chante pour la première fois le Ô Canada! mon pays, mes amours de George-Étienne Cartier (à ne pas confondre avec l’hymne national canadien!). Cette journée était soulignée dans le but d’accroître l’union entre les Canadiens. C’est depuis cette année-là que la fête religieuse converge avec la fête nationale. Quelques années après, en 1843, le journaliste Ludger Duvernay fonde l’Association Saint-Jean-Baptiste qui adoptera trente-cinq ans plus tard À la claire fontaine comme air national pour les Canadiens français. Puis, en 1925, le gouvernement du Québec rend officiellement cette journée fériée. Dès lors, cette dernière est consacrée à la célébration et à la valorisation de la culture québécoise. À la fin des années quarante, le fleurdelisé devient le drapeau officiel du Québec. Il est encore aujourd’hui un symbole fort d’appartenance québécoise.

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Un concert de la Saint-Jean-Baptiste au Centre d’art Orford en 1984 – Fond Centre d’arts Orford. La Société d’histoire de Magog

La Révolution tranquille marque un tournant dans l’histoire du Québec et cela affecte même la commémoration de la Saint-Jean-Baptiste. En effet, on tente de mettre de côté la facette religieuse de la fête au profit de performances culturelles plus actuelles. Enfin, la célébration est officialisée par le Parti québécois comme la fête nationale du Québec depuis 1977. Désormais, la «Saint-Jean» est une fête ouvertement laïque qui célèbre le Québec sous toutes ses coutures.

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On voyait souvent des parades de chars allégoriques lors des festivités de la Saint-Jean-Baptiste – Fond Jacques Boisvert. La Société d’histoire de Magog

Bonne Saint-Jean-Baptiste à tous!

Il y a 75 ans, Jean Chalifoux (1913-2006), jeune diplômé de l’École Technique de Montréal (École du Meuble), débarquait à Magog pour y fonder une École d’arts et métiers. En 1938, dans le cadre d’un « Service de l’Aide à la jeunesse », le docteur Albert Guertin lançait l’idée d’une telle école et, à cette fin, il obtenait un octroi de 500 $ de la Ville de Magog, qui permettait le recrutement du professeur Chalifoux.

Jean Chalifoux arrive à la gare de Magog le 4 janvier 1939, où il est accueilli par le docteur Guertin, représentant des Chevaliers de Carillon, les grands responsables de cette initiative. L’ouverture officielle a lieu le 15 janvier et 107 élèves ont donné leurs noms pour suivre les cours qui se tiennent au collège St-Patrice des frères du Sacré-Coeur. Il s’agit de cours de dessin, de mathématiques, de menuiserie, notamment l’ébénisterie, dispensés gratuitement de jour et de soir. M. John Peters, membre de la direction, s’engage à fournir à l’école le bois nécessaire à ses opérations. Les cours vont bon train et l’école tient sa première exposition le 15 juin 1941.

Jean Chalifoux, homme dévoué et honnête, s’implante dans sa nouvelle communauté, où son épouse Yvonne Tremblay et lui ont deux enfants, Claire et Jacques. Il a fait fonctionner l’école jusqu’en juin 1961. Les locaux mis à la disposition de l’école d’arts et métiers doivent être sacrifiés pour la construction du nouveau Pavillon des Loisirs. Jean Chalifoux va enseigner à Cowansville et Waterloo et travaille comme menuisier. Grâce à lui, le germe d’une École des métiers permanente est semé et portera fruit.

Classe École métiers

Une seconde école

En 1957, une vaste campagne de souscription est lancée pour la construction d’un hôpital laïc, l’Hôpital de Magog inc. La construction, débute sur la rue Percy en octobre 1957, mais elle est arrêtée en décembre 1958 faute de fonds. La propriété est mise en vente pour permettre le remboursement des sommes souscrites, dont les ouvriers ont grandement besoin au lendemain d’une grève de plusieurs mois dans le textile.

Magog réclame à grands cris une École des métiers pour accueillir un plus grand nombre d’élèves et répondre à la demande. Le moment est favorable au projet, car des élections provinciales sont annoncées pour juin 1960, et les deux candidats en lice promettent une École des métiers. Le candidat libéral Georges Vaillancourt est élu. Le gouvernement se porte acquéreur du terrain et des fondations de l’hôpital, puis rembourse les souscripteurs.

École des métiers

Le projet d’une école de métiers est accepté et, en mars 1962, la firme Yvon Giguère inc. obtient le contrat. La construction est terminée pour septembre 1963. L’ouverture officielle, sous la présidence de Paul Trottier,   a lieu le 9 septembre 1963, soit il y a 50 ans. Quelque 50 élèves se sont qualifiés aux examens exigés par le ministère de la Jeunesse, et l’objectif est d’y admettre l’année suivante une centaine d’élèves. Six professeurs y enseignent : électricité, plomberie-chauffage, mécanique automobile et appareils domestiques. On y donne aussi des cours du soir afin de rejoindre les travailleurs et apprentis de toutes catégories, contremaîtres, commis et vendeurs. Dès la deuxième année, les inscriptions ne sont pas à la hauteur des attentes des dirigeants. Afin d’augmenter sa clientèle, l’école offrira des cours de dessin industriel, lecture de plans, ferblanterie, débosselage et peinture.

En 1967, le Centre d’apprentissage 24 juin ouvre ses portes à Sherbrooke, ce qui n’aide pas la cause de l’école de Magog. En 1974, c’est au tour de La Ruche d’accueillir les jeunes du secondaire, mais l’École des métiers continue ses opérations. En 1986, une centaine d’élèves inscrits à La Ruche en équipement motorisé doivent se déplacer sur la rue Percy pour assister aux cours. Pour des raisons économiques, un agrandissement de 5 500 pi2 est réalisé à La Ruche pour des ateliers et un bureau pour les professeurs. En 1987, l’école de la rue Percy, ainsi libérée, est rénovée et recyclée en centre administratif pour la Commission scolaire de Magog,

Maurice Langlois, Société d’histoire de Magog