Colette Pomerleau

William Miller – Source:

Avec les conséquences désastreuses du réchauffement climatique qui entraîne des sécheresses, des inondations, des pandémies et bien d’autres fléaux, plusieurs groupes de personnes pensent que l’humanité, devenue trop corrompue, court à sa perte dans des scénarios catastrophiques de «fin du monde»? Cependant, ce n’est pas la première fois que la fin des temps est annoncée et même prévue dans un avenir prochain.

Dans les années 1830, après avoir passé deux ans à étudier scrupuleusement certains passages de la Bible, William Miller, un fermier américain de religion Baptiste, était convaincu que, pour la deuxième fois, Jésus-Christ reviendrait sur la terre afin d’y établir son Royaume. Par conséquent, le retour du Christ signifiait la destruction de tous les royaumes terrestres et donc, l’arrivée d’une gigantesque fin du monde. Alors que le Déluge avait englouti le monde dans l’antiquité, cette fois-ci, selon Miller, c’est par le feu que le monde serait détruit. Bien sûr, le Christ sauverait de la mort et de la destruction tous ceux et toutes celles qui se repentiraient de leurs péchés et qui adhèreraient à son mouvement de renouveau spirituel, le millénarisme, alors que les autres périraient dans d’affreuses conditions sans espoir de ressusciter au jugement dernier. Basé sur les chiffres annoncés dans le livre des prophéties de Daniel « Unto two thousand and three hundred days; then shall the sanctuary be cleansed» (Bible, Daniel chapitre 8: verset 14), William Miller avait calculé, en remplaçant les jours par des années, que la date fatidique du retour du Christ et de la fin du monde serait aux alentours de l’année 1843. 

Dans le but de répandre son message de repentir et de préparation à la venue du Sauveur et à la fin du monde, William Miller commença alors à prêcher de village en village. Les Cantons de l’Est, où son mouvement reçut un accueil très favorable, fut la première région qu’il visita. Sa première tournée de prêche en 1835, l’emmena donc à Hatley, à Georgeville, à Magog et à Stanstead, ainsi qu’à plusieurs autres endroits tels Lennoxville, Ascot et Cookshire. C’est à Magog, où Miller avait des amis, qu’il vint prêcher la fin du monde plus de quatre fois entre 1835 et 1840. 

La foi et le zèle de quelques prêcheurs «millérites» tels Richard Hutchinson, responsable en chef du mouvement pour les Cantons de l’Est, Henry Buckley, I. H. Shipman et I. R. Gates, de même que les publications de journaux et de brochures du mouvement millénariste, attirèrent bientôt des milliers d’adeptes qui, convaincus de la véracité du message transmis, changèrent radicalement leur vie en fermant leur commerce ou en vendant à bas prix leur ferme et leurs animaux. 

Dépouillés de toute possession matérielle et prêts à accéder au Royaume de Jésus-Christ, ces milliers de gens attendaient anxieusement qu’arrive la fin du monde prévue pour le 14 avril 1843, selon les calculs du prédicateur William Miller. 

Cette journée fatidique se passa comme toute autre journée sans que ne surviennent les grandes catastrophes naturelles, le feu dévastateur et les destructions annoncées. Reprenant alors ses calculs, William Miller se ravisa sur son erreur et annonça que le 22 octobre 1844, était la vraie date du retour du Christ. Malheureusement pour ces milliers de «millérites», le Christ n’est pas réapparu dans le ciel et la fin du monde ne s’est pas produite au cours de la journée prévue. Un grand désappointement s’ensuivit et, désabusés et terriblement déçus, plusieurs membres quittèrent le mouvement millénariste. 

« Our disappointment was great, écrit Miller, certainly an error had been made, but which one? The Bible must have the answer.». Écrivant de Stanstead, J. Merry décrivait cette période: «There are a few here who are looking for God coming soon, and set up his everlasting kingdom. We are determined to wait and look for the coming of the Lord until he shall appear. We have no thoughts of giving up our faith or turning back.». 

Se cramponnant à l’idée d’une fin du monde accompagnant le retour du Christ et l’établissement de son Royaume dans un avenir plus ou moins lointain, plusieurs figures de proue du mouvement millénariste, ainsi que William Miller lui-même, délaissèrent la recherche d’une date exacte qui leur sembla trop sujette à des erreurs d’interprétation. Au cours de l’année 1845, des prêcheurs «ex-millénaristes», des pasteurs et des propriétaires de journaux locaux, reprirent le flambeau et établirent des congrégations « Adventiste», selon une dénomination qui signifie la venue, l’avènement, dans plusieurs localités du Vermont et des Cantons de l’Est, où le message du retour imminent du Christ se faisait entendre à nouveau. Après quelques visites dans la région de l’Estrie, fatigué et malade, William Miller laissa la direction du mouvement Adventiste à Joshua Himes qui fonda des groupes Adventistes dans les localités de Stanstead, Melbourne, Waterloo, Bolton, Magog et Farnham.  Devenu aveugle en 1848, le prédicateur William Miller mourait paisiblement à son domicile de Low Hampton, dans le nord de l’État de New York, le 20 décembre 1849.

Alors qu’il y avait encore entre 50,000 et 100,000 personnes qui continuaient de croire au retour du Christ, la fin du «millénarisme» et le début du mouvement Adventiste débouchèrent sur trois courants de pensée:

Les Adventistes spiritualistes qui croyaient que Jésus était venu sur terre le 22 octobre 1844, mais en esprit seulement. Ce mouvement s’est éteint au début du 20ème siècle.

Les Adventistes d’Albany, dirigé par Joshua Himes et par le Dr Josiah Litch, fut le mouvement qui compta le plus grand nombre d’adeptes.

Les Adventistes du septième jour qui comptait seulement une cinquantaine de personnes en 1846. Ce courant de pensée qui continuait de croire au retour du Christ, à la fin des temps et au jugement dernier, tout en étant persuadé du salut d’un certain nombre de fidèles, gagna en popularité. En 1860, ce mouvement qui comptait alors 3000 personnes, s’institua en confession religieuse sous le nom de «L’Église Adventiste du septième jour». Seul mouvement héritier du «millénarisme», cette Église comptait 16 millions de membres baptisés en 2009. 

Biblio. – FORTIN, Denis. Adventism in Quebec, Andrews University Press, Michigan. 2004.

Notre incursion dans les feuillets jaunis et dans la paperasse de m. Thomas R. Stock, nous permet de pénétrer dans le quotidien d’un homme de langue anglaise qui, dans les années 1930, travaillait dans les bureaux de la Dominion Textile de Magog. En tant que superviseur du département des «paies», m. Stock était en constante correspondance avec les patrons du bureau-chef de la compagnie située à Montréal. L’échange de lettres entre m. Stock et ces messieurs de Montréal nous informe sur les différentes réglementations qui régissaient l’échelle salariale des employés de l’usine vers 1937, de même que sur les besoins des départements en fournitures diverses. Par exemple, dans une lettre adressée au contrôleur de Montréal en 1937, m. Thomas Stock fournit la liste des appareils de bureau qui sont utilisés au Print Works ainsi qu’au Mechanical Department. Le père de m. Stock, m. Richard Stock, avait, quant à lui, travaillé aux pressoirs de l’imprimerie des tissus (Print Works).

Fonds PR093 Famille Stock

Du mois de novembre 2021 au mois de janvier 2022, nous avons épluché le contenu d’une grande boîte renfermant une importante documentation, en anglais, qui avait été ramassée et conservée par m. Thomas R. Stock. Cette précieuse documentation, nous fut remise par un descendant de cette famille qui compte plusieurs générations de citoyens de la Ville de Magog. Minutieusement, nous avons donc trié, classifié et répertorié, dans un fichier informatique prévu à cet effet, une quantité appréciable de correspondance d’affaires, de pamphlets publicitaires, de brochures informatives, de bons de livraison, de reçus de paiement, de rapports annuels de la Dominion Textile et de d’autres associations sociales et de factures diverses concernant des achats liés à des besoins personnels tout autant qu’à des projets reliés au commerce d’œufs et de volaille ainsi qu’à des vacances et à des croisières.

Sur un plan plus personnel, certains reçus pour paiement nous informent que jusqu’à leur décès en 1938, les parents de m. Thomas R. Stock habitaient avec leur fils au no. 3 de la rue MacDonald à Magog. Également, par le biais d’une bonne partie de la documentation, nous apprenons, qu’au milieu des années 1930, m. Stock s’est investi dans l’élevage de poulets et dans le commerce des volailles et des œufs. Étant donné qu’il occupait toujours son emploi à la Dominion Textile et qu’il semblait toucher un assez bon salaire pour l’époque, on peut se demander ce qui motivait m. Stock à s’installer comme éleveur et commerçant avicole.

La quantité assez surprenante de factures d’épicerie, de quincaillerie, de matériaux de construction, de vêtements, de transport par train, de garagistes, de ferronnerie, de charbon et de bois de chauffage, nous renseignent sur les prix des marchandises entre les années 1920 et 1940. Les multiples achats de m. Thomas Stock, ainsi que ceux de son père, nous permettent également de connaître les noms et les adresses de plusieurs marchands de l’époque habitant la ville de Magog et ses environs.

Le contenu du «Fond Famille Stock» nous ouvre donc quelques bonnes pistes de recherche qui ne peuvent que contribuer à enrichir l’histoire industrielle et sociale de la ville de Magog. À ce titre, les divers documents qui constituent le «Fond Famille Stock» méritent très certainement d’être conservés dans les archives de la Société d’Histoire de Magog.