Personnalités de Magog et de sa région

Articles concernant des personnalités de la région Memphrémagog.

Extrait de THE WALK IN JUNE

A walk in June, in early June,
Our sweet Canadian June—
When every tree is all in leaf,
And every bird in tune;
When laughing rills leap down the hills
And through the meadows play,
Inviting to their verdant banks
The old, the young, the gay.

When not a cloud is in the sky,
Nor shadow on the lake
Save what the trees that line the shore
And little islands make,—
When every nook where’er we look,
Is bright with dewy flowers,
And violets are thickly strewn
As though they fell in showers.

(…)

Helen Mar Johnson (1834-1862), Magog

La famille Johnson fait partie des familles pionnières de Magog et le poème de Helen Mar Johnson nous transporte au cœur de Magog, en juin, il y a plus de 160 ans.

Jonathan Johnson, le grand-père d’Helen Mar, est un ancien soldat américain qui s’installe dans le canton d’Hatley en 1802. Dans l’ouvrage Forest and Clearings: The History of Stantead County, son fils Abel relate la sombre aventure de son père qui débute à sa capture lors de la bataille de Ticonderoga (présumée celle de 1777) par un groupe autochtone pour se terminer en 1783, après 3 ans de captivité comme prisonnier de guerre aux mains de l’autorité britannique à Québec. Il est ensuite autorisé à retourner chez lui, mais revient s’installer dans le canton d’Hatley en 1802. Son fils Abel Boynton y naît en 1803.

Abel (uniquement nommé Boynton Johnson dans l’acte de mariage) épouse Polly Chamberlin en 1823 à Hatley. Le grand-père de Polly n’est nul autre que Ebenezer Hovey : Le premier à s’établir sur la rive est du lac Memphrémagog, dans le canton d’Hatley sur le territoire de la Ville de Magog actuel, dans la dernière décennie du XVIIIe siècle. Cela correspond à peu près au moment où Ralph Merry prend possession de ses terres dans le canton de Bolton au nord de la rivière Magog. Cependant, contrairement à Ralph Merry, Hovey ne s’établira pas de façon permanente du côté du lac Memphrémagog, s’établissant rapidement près du lac Massawippi.

Selon Benjamin F. Hubbard (Hubbard 1874), C’est à partir de 1832 qu’Abel réside à l’Outlet (Magog). Rappelons que la désignation de Magog ne viendra que quelques années plus tard, alors qu’en 1832 on parle plutôt de l’Outlet (décharge du lac) pour désigner le hameau qui se forme au nord-est du lac Memphrémagog, de part et d’autre de la rivière Magog. Le hameau se situe en partie dans le canton de Bolton (nord de la rivière) et dans le canton d’Hatley (sud de la rivière). Il est donc difficile de dire si en 1832 Abel a déjà traversé la rivière vers le Canton de Bolton, mais la vente qu’il effectue d’un lot entre le lac Memphrémagog et l’extrémité nord du lac Lovering à James Brown, le 6 février 1832 (archives du notaire William Ritchie, acte 1966), est peut-être en lien avec cette transition vers le nord.

Propriétés d’A.B. Johnson mises en évidence sur un extrait d’un plan de Magog en 1866. Les flèches indiquent les accès probables aux chemins publics. (Source: Plan of Magog, Department of Crown Land, Ottawa, 1866. Archives Ville de Magog, PL71M005_1_2 )

Quoiqu’il en soit en 1845, il est nommé juge de paix pour le district de St-François et réside dorénavant dans le canton de Bolton (L’aurore des Canadas, 16 octobre 1845). Il semblerait qu’il ait acquis dans la première moitié du XIXe siècle, une importante étendue de terre couvrant une grande partie des terrains au nord de la rue Saint-Patrice Ouest actuelle, dont le tracé n’existait pas à l’époque.  Les terres d’Abel se situent donc un peu en retrait des activités économiques et institutionnelles naissantes sur  la rue Principale. Néanmoins, sur une carte de 1866, on peut observer qu’une bande de terrain donne accès à la rue principale, un peu à l’est du Parc des Braves actuel, et que la rue Goff  (futur tronçon est de la rue Saint-Patrice Ouest) permet de rejoindre la rue Sherbrooke depuis la propriété de A.B. Johnson. 

Abel se dit fermier sur le recensement de 1861 et il habite avec sa femme Polly, leur fille Hellen, dont la profession indiquée est poétesse, et leur fils Edwin, âgé de 21 ans, qui est alors instituteur. Ses filles aînées, Sara A. et Josephine, ont déjà quitté la maison à cette date. Une maison sera éventuellement érigée par Abel ou son fils Edwin sur une autre parcelle de terre qui est identifiée comme appartenant à Abel et Georges O. Somers, le mari de Sara, sur le plan de 1866. Elle existe toujours et fait partie des plus beaux bâtiments du patrimoine bâti de la Ville de Magog, connu sous le nom de Sunnyside ou maison Johnson. Sa date de construction porte à débat, mais elle est plus récente que l’arrivée des Johnson à Magog. Il est donc probable qu’une résidence familiale antérieure ait occupé un autre emplacement, voire que la famille n’occupe pas les terres exploitées pour l’agriculture.

La maison Johnson (Sunnyside) alors qu’elle fait face au sud. Archives historiques de la Société d’histoire de Magog. IN2.
Gauche: Abel Boyton Johnson dans Forest and Clearings (Hubbard 1874)
Centre: Hellen Mar  Johnson, Archives historiques. La Société d’histoire de Magog,  IN2-B-27-0005
Droite: Edwin R  Johnson, Archives historiques. La Société d’histoire de Magog,  IN2-B-27-0006 

L’auteure du poème “The Walk in June”, Helen Mar Johnson, est la troisième fille d’Abel, née à Magog en 1834. Elle publie un premier poème, intitulé “The Forest”, dans le Stanstead Journal alors qu’elle est adolescente. Déjà versée dans l’écriture, elle part étudier à Derby Center et y gradue en 1852, puis y enseigne brièvement. En 1853, elle reçoit un prix de la Literary and Historical Society of Quebec City pour son poème intitulé “The Surrender of Quebec”. Elle écrit en 1855 un journal entier en vers qui sert encore d’exemple en littérature. Selon ses écrits, on perçoit un constant tiraillement entre sa dévotion religieuse et son esprit vagabond. La poétesse est affligée par la maladie en 1856 et meurt tristement entre 1862 et 1863.

La sœur aînée d’Helen, Sara A. Johnson, a épousé le Dr Georges Orland Somers en 1849 à l’église Union (Meeting House), le seul lieu de culte  de la communauté à l’époque. Elle meurt en 1870, âgée de 46 ans. Elle fait partie, tout comme Helen (Ellen) et Abel,  des personnes inhumées au cimetière de l’église union qui sont commémorées au cimetière Pine Hill, mais dont la sépulture pourrait toujours se trouver sous le stationnement de la petite église de la rue Merry Sud. 

Son autre sœur, Josephine, a pour sa part épousé le révérend John Muir Orrock qui sera l’éditeur de l’ouvrage rendant hommage aux écrits de Helen, intitulé Canadian Wild Flowers: Selections from the Writings of Miss Helen M. Johnson, of Magog, P.Q.,  Canada : with a Sketch of Her Life. Joséphine et son mari déménagent probablement au Massachusetts en 1867, alors que son mari accepte une charge éditoriale au Advent Herald de Boston. Effectivement, Orrock fut une figure importante du courant adventiste au Canada et dans la région. 

Selon le recensement de 1871, après la mort d’Abel en 1867, sa veuve Polly demeure avec le Dr Georges O. Somers dans sa maison de la rue des Pins, voisine de la Maison Johnson. La maison Somers fait également partie du patrimoine bâti actuel de Magog. Polly meurt cependant à Brookline (Massachusetts), en 1877, âgée de 78 ans.  Elle y a sûrement rejoint sa fille Josephine qui décède également à Brookline en 1882, âgée de 53 ans. Polly est enterrée à Magog en 1878, possiblement dans le cimetière de l’église Union également.

Edwin, le frère cadet, enseigne probablement dans sa jeunesse à la Magog Academy, située au nord du lot Academy sur le plan de 1866 et au sud-ouest des terres de la famille. Son père fait d’ailleurs partie des fondateurs de l’institution. Dans une des entrées de journal d’Helen, elle mentionne regarder Edwin patiner depuis la résidence que l’on présume être la Maison Johnson. C’est Edwin qui hérite des terres de son père après son décès en 1867. Il ne retourne vraisemblablement pas y résider puisqu’il demeure à Stanstead Plain avec sa femme Harriett en 1871. En 1881, ils y vivent toujours entourés de leurs enfants, alors que Edwin occupe la profession d’avocat.  Edwin est probablement à l’origine du morcellement de la terre familiale, puisque c’est E.R. Johnson qui y effectue plusieurs ventes durant les années 1880.

Edwin, le frère cadet, enseigne probablement dans sa jeunesse à la Magog Academy, située au nord du lot Academy sur le plan de 1866 et au sud-ouest des terres de la famille. Son père fait d’ailleurs partie des fondateurs de l’institution. Dans une des entrées de journal d’Helen, elle mentionne regarder Edwin patiner depuis la résidence que l’on présume être la Maison Johnson. C’est Edwin qui hérite des terres de son père après son décès en 1867. Il ne retourne vraisemblablement pas y résider puisqu’il demeure à Stanstead Plain avec sa femme Harriett en 1871. En 1881, ils y vivent toujours entourés de leurs enfants, alors que Edwin occupe la profession d’avocat.  Edwin est probablement à l’origine du morcellement de la terre familiale, puisque c’est E.R. Johnson qui y effectue plusieurs ventes durant les années 1880.

Josianne Jetté, 22 juin 2023

Société d’histoire de Magog

  • Sources:
  • Archives du notaire Henri St-Louis (1865-1873). Fonds Cour supérieure. District judiciaire de Richelieu. Greffes de notaires – BAnQ Vieux-Montréal.
  • Archives du notaire William Ritchie (1822-1872). Fonds Cour supérieure. District judiciaire de Saint-François. Greffes de notaires – Archives nationales à Sherbrooke.
  • Artefactuel 2021 Étude de potentiel archéologique de la Ville de Magog. Ville de Magog. Rapport inédit.
  • Baptist Church, Stanstead. Registres paroissiaux et Actes d’état civil du Québec (Collection Drouin), 1621  à 1968.
  • Bergeron-Gagnon Inc. 2007 Inventaire et étude du patrimoine bâti. Ville de Magog. Rapport inédit.
  • Canada’s Early Women Writers. Helen Mar Johnson. Canada’s Early Women Writers, 18 May 2018.
  • Benjamin F.  Hubbard 1874 Forests and Clearings. The History of Stanstead County, Province of Quebec, with sketches of more than five hundred families. John Lawrence.
  • Daniel Hovey Association 1914 The Hovey Book: Describing the English Ancestry and American Descendants of Daniel Hovey of  Ipswich, Massachusetts. Press of L.R. Hovey.
  • Find a grave https://www.findagrave.com
  • Recensements du Canada de 1861, 1871 et 1881, Ottawa, Ontario, Canada : Bibliothèque et Archives Canada 
  • Registre foncier du Québec, circonscription de Stanstead, cadastre de la Ville de Magog.
  • Rev. John Muir Orrock 1884 Canadian Wild Flowers: Selections from the Writings of Miss Helen M. Johnson, of Magog, P.Q.,  Canada : with a Sketch of Her Life by Rev. J.M. Orrock.
Andrée Chartrand (1941-2022)
Andrée Chartrand 1941-2022
Andrée Chartrand
Conseillère siège no 4 Canton de Magog 1991.
Image tirée de la mosaïque du conseil municipal du Canton de Magog.

Avec le décès de Andrée Chartrand le 9 avril dernier, une famille a perdu sa matriarche, le Canton de Magog a perdu sa première femme conseillère, la Société d’histoire a perdu une de ses fondatrices et une région a perdu une grande militante des arts, de la culture et du patrimoine. 

Elle est née à Montréal en 1941. Andrée rencontre son premier mari dans son quartier d’enfance. De leur mariage naîtront trois enfants dont l’une, la deuxième, atteinte d’une maladie incurable, vivra ses quelques semaines de vie au Centre Butters d’Austin. 

Femme au foyer modèle, elle suivra son époux dans sa carrière de dentiste à l’Université de Montréal. C’est en 1972 que le couple et leurs deux enfants s’installent à North Hatley. En 1978, le couple divorce, Andrée se retrouve sans le sou avec ses deux enfants et un toit à trouver. 

Cette épreuve mettra en valeur une femme forte et résiliente puisqu’en quelques années, elle se trouvera une maison, retournera aux études en faisant un Baccalauréat en Sociologie et se sera engagée à l’Université Bishop’s à titre de coordonnatrice des échanges internationaux.

C’est lors d’une rencontre disciplinaire au Séminaire de Sherbrooke où son fils, Jean-Philippe joue les trouble-fête qu’elle rencontre celui qui partagera sa vie pour les prochaines décennies, le Docteur Claude Gravel dont le fils Sébastien, faisait partie de la même bande de trouble-fête.

Andrée viendra s’installer dans le Canton avec son nouvel amoureux. Laissant son travail à l’université, elle achète le commerce Euro-kit sur la rue Principale et prendra une place importante dans la communauté de Magog. Elle sera une commerçante qui connaît ses clients par leur prénom…

Son aventure dans le commerce ne durera pas longtemps, mais ce sera la base de la suite de sa vie d’implication puisqu’elle sera la première présidente de la Société d’histoire de Magog en 1988.

En 1991, elle sera la première femme élue conseillère municipale dans la Municipalité du Canton de Magog. Elle y sera jusqu’à la fusion du Canton et la Ville de Magog en 2002. Elle militera pour les arts, la nature et le patrimoine. 

À sa sortie de la politique municipale en 2002, elle revient siéger au Conseil d’administration de la Société d’histoire de Magog et y restera jusqu’en 2014.

Pour sa famille et sa communauté, Andrée Chartrand a été une grande dame. Elle a démontré de la force et de la résilience et a fait preuve d’une grande implication tant pour sa famille que pour sa communauté. Pour SA Société d’histoire, elle reste une icône et une grande administratrice et présidente. 

Dr. Eudore Charron Cabana  Chirurgien, Coroner et Hygiéniste 1878-1960

L’hygiène à Magog

En 2020, la pandémie du coronavirus à mis de l’avant l’importance de se laver les mains et d’adopter des mesures hygiéniques plus strictes. En 1942, l’hygiène était aussi importante dans la ville de Magog, mais cela n’avait rien à voir avec un virus, c’était plutôt à cause du rapport de l’hygiéniste officiel le docteur E.C. Cabana. Son rapport est soulevé dans une entrée du journal la Chronique de Magog du 18 janvier 1942. 

Le travail du docteur Cabana était de s’assurer que certaines mesures sanitaires soient respectées dans la ville. Il faut garder à l’esprit que les lois concernant la qualité de la nourriture notamment la viande et les produits laitiers n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. C’est pourquoi le travail du docteur Cabana était essentiel pour s’assurer que les producteurs laitiers et les bouchers atteignent une certaine qualité de production et n’empoisonnent pas les consommateurs. 

Il n’y a pas si longtemps le lait était encore distribué directement aux portes des consommateurs dans des bouteilles de verre. Le docteur Cabana veillait donc à ce que les producteurs aient des contenants propres et que le produit réponde à une certaine norme. 

Les pratiques ont bien changé depuis et la conception de l’hygiène aussi. Cependant, c’est au début des années 1900 que l’on accorda plus d’importance à l’hygiène notamment à cause de l’épisode de grippe espagnole et de la forte propagation de la tuberculose. 

Le rapport du docteur Cabana ne concerne pas seulement les produits de consommation. Il fait un bilan de santé des jeunes étudiants de Magog. 

Les maladies surveillées à ce moment? La diphtérie, la rougeole, la scarlatine, la typhoïde, la dysenterie et la tuberculose.

Les méthodes de soins ont aussi bien évoluées. En 1942, il est recommandé aux parents de nettoyer la bouche et la gorge des enfants ayant des symptômes, avec une solution d’acide borique ou de peroxyde d’hydrogène.

Article : « L’hygiène respectée à Magog : le Dr Cabana suggère, entre autres réformes, un bon incinérateur », La chronique de Magog, 15 janvier 1942, page 1 et 9. 

Audrey Lagacé, Historienne en résidence

Buckskin Joe, l’ami des indiens

Buckskin Joe, l’ami des indiens

Voici l’histoire vraiment extraordinaire de Buckskin Joe un personnage réel né de la région qui démontre que « Sky is the limit ».

Edward Jonathan Hoyt est Né à l’ombre du Mont Orford le 4 octobre 1840. Sa mère était la fille d’un capitaine de navire de Boston et son père Samuel Hoyt, était propriétaire, capitaine dans la milice de Standstead, magistrat et fut plus tard le premier maire du Canton de Magog.

Alors que Jonathan était bébé, un énorme cochon sauvage vint l’arracher à son berceau. Sa mère qui était à traire les vaches, lança son tabouret sur la bête qui se sauva en laissant Jonathan derrière. C’était la première aventure de Joe mais pas la dernière.

Jonathan était un enfant énergique et son agitation le mettait toujours dans des situations problématiques. L’épicier de Magog Calvin Abbott gardait sous son comptoir un fouet pour faire fuir les petits indésirables. Un jour, le jeune Hoyt et ses amis ont attaché le bout de la ficelle d’emballage du marchand au pantalon d’un garçon. Ils ont crié « Au feu! » et son tous partit en courant chacun de leur côté avec un des garçons en courant avec la bombine au complète derrière lui. L’épicier porta plainte aux autorités et les garçons furent punis. Ils se vengèrent en attachant une mouffette vivante par la queue à la pognée de porte de M.Abbott. L’épicier ouvre sa porte et la moufette apeurée se détache et plutôt que se sauver à l’extérieure, entre dans la maison. Plus personne n’habitera dans cette maison.

À l’adolescence Jonathan à la vivre chez son grand-père qui avait une cabane à Castle Brook à 5 milles du lac. Avec lui il apprit à trapper le vison, la loutre, l’ours, etc. autour de Cherry river et du Mont Orford. Ensemble ils pouvaient passer de une à deux semaines en forêt dormant sur des lits d’aiguilles de pins sur la neige. Il alla visiter les indiens et appris à faire de la pêche à la perche sur le Lac Memphrémagog.

À vivre dans le bois avec son Grand-père et les indiens, Jonathan se laissa pousser les cheveux et se mis à porter un manteau de peau de cerf. Un de ses trois frères lui donna le surnom de Buckskin Joe.

Un jour un cirque ambulant passa par Magog et Buckskin Joe s’y rend avec son frère. Il tombe sous le charme de la profession et il commence à apprendre à jouer de plusieurs instruments ainsi qu’à faire des acrobaties.

Alors qu’il se rend à Boston avec sa mère, l’aventure aux États-Unis commence pour Buckskin Joe. Poursuivant son attirance pour le cirque, le jeune homme performe dans des camps de bucherons ou encore des réserves autochtones. 

Lorsque la guerre de Sécession commence Buckskin Joe s’engage dans un régiment de la Pensylvanie. L’homme aventureux va se faire tirer par un rebelle et faisant preuve de vivacité d’esprit Buckskin Joe lui propose un échange : du café contre du tabac. Convaincu « Butcher-knife Bill » se dévoile et reçoit un projectile dans le chapeau de la part de Buckskin Joe. Les deux hommes partiront tout de même en bon terme.

Edward Jonathan revient à Magog pendant un court moment alors qu’il déserte l’armée américaine. Il retourne cependant dans les rangs lorsque Lincoln accorde l’amnistie pour les déserteurs. Mais, il prend la place d’un homme qui ne veut pas aller à la guerre et qui paie Buckskin Joe 900 dollars pour qu’il prenne sa place. Avec le pouvoir d’achat de nos jours les 900 dollars équivalent à 14 370.29 dollars. 

Le cirque ne reste jamais bien loin dans la profession de Buckskin Joe et il rejoint une nouvelle compagnie après la guerre. Il va aussi marier Bella Hutchins dans le New Hampshire avec qui il aura trois enfants.

En 1870, Buckskin décide de laisser le cirque de côté pour suivre son frère Albert dans le Kansas ou le Homestead Act offre 160 acres pour presque rien à quiconque s’y établirait pour cinq ans. Pendant cette période de sa vie Buckskin Joe est enfin de retour dans la nature sauvage et il s’en réjouit. Il construit sa maison en bois de peuplier et transfert sa famille de Magog à la nouvelle maison.

Le premier hiver est la pire, le bois utilisé pour la maison sèche et rétrécit ce qui créer des fentes par laquelle l’air très froide passe. Pour survivre Buckskin Joe chasse pour obtenir de la peau et de la viande.

L’été n’est pas mieux alors qu’un nuage de sauterelle traverse les États-Unis et ravage les champs. Pour passer l’hiver Buckskin Joe propose alors de commencer une guerre avec les autochtones qui sont juste au sud. Il s’agissait d’avoir un moyen d’attirer le regard du gouvernement et des vivres en tant que soldat.

Il ouvre un commerce « Athletic Grocery » et il reçoit la visite de Jesse et Frank James, les voleurs de banque. Il va d’ailleurs revoir Jesse James alors qu’il renoue avec le cirque à Leadville.

En 1884 une nouvelle aventure attend Buckskin Joe alors qu’il part pour la Nouvelle-Écosse pour chercher de l’or. Sur son chemin il passe par Magog et y trouve une ville et une montagne beaucoup plus petite que dans son souvenir.

La recherche d’or n’étant pas concluante Buckskin Joe retourne à Arkansas City et il retrouve nul autre que le rebelle avec qui il avait échangé des coups de feu « Butcher-knife Bill ». Ils partent ensemble vers le Honduras pour chercher de l’or, ce qui n’est pas concluant. Alors que Buckskin revient « Butcher-knife Bill » se rend au Mexique et y décède.

Buckskin Joe vieux

À 61 ans Buckskin Joe se rend en Californie pour être plus tranquille et y écrire ses mémoires qu’il finit à 77 ans, un an avant de mourir en 1918. Ainsi se termine les milles et unes aventures de Edward Jonathan Hoyt, le personnage bien réel. 

Édouard H. Guilbert n’a que 30 ans lorsque les conseillers le désignent, le 18 janvier 1892, pour devenir le nouveau maire de Magog. L’âge du premier magistrat est déjà une nouvelle en soi puisque ses prédécesseurs, Alvin H. Moore et Giles P. Moore, avaient tous deux atteint la cinquantaine au moment de leur élection. Mais il y a plus. Une page d’histoire se tourne en effet avec l’élection de Guilbert qui devient le premier maire francophone de Magog. Cet événement constitue une reconnaissance de la place prépondérante prise par les Canadiens-français dans la ville où ils sont majoritaires depuis les années 1880. L’avènement à la mairie de ce commerçant de la rue Principale marque aussi le début de la politique d’alternance entre francophones et anglophones qui sera appliquée, d’abord avec rigueur, puis sur une base irrégulière, jusqu’au milieu des années 1930. Guilbert, qui restera en poste jusqu’en 1894, deviendra le 16 janvier 1900 le premier Magogois à revenir à la mairie après avoir effectué deux mandats consécutifs d’un an. Son retour sera cependant obscurci par la tumultueuse grève du textile de l’été 1900, marquée par l’intervention de la milice, et par un grave incendie qui décimera une partie de la rue Principale, le 19 avril 1901.

Référence : Jacques Boisvert, Édouard H. Guilbert, premier maire canadien-français de Magog, Le Progrès, 14 août 1989, p.5.

Denise Poulin-Marcotte
Collection Gilles Dallaire. La Société d’histoire de Magog

En 1994, Denise Poulin-Marcotte devient la première femme à accéder au conseil municipal de Magog. Les citoyens du quartier 2 lui accordent leur confiance pour deux mandats consécutifs. Elle fait partie du conseil provisoire qui voit à la transition lors de la fusion de Magog, du Canton de Magog et d’Omerville en 2002. Elle conserve son siège à  l’élection suivante avec une avance de 790 voix sur son adversaire Serge Poulin. Elle complète son impressionnante feuille de route au conseil municipal de Magog avec trois autres mandats; démontrant une belle reconnaissance de son travail au service des citoyens. Elle détient maintenant le record de longévité au conseil municipal. Elle a contribué à de grands dossiers autant communautaires, sportifs, que culturels et patrimoniaux.

La Société d’histoire de Magog tient à remercier Madame Poulin-Marcotte pour sa grande contribution à la communauté magogoise.

Natif d’un « petit village » des Cantons-de-l’Est, M. Arthur W. Ling (1889-1966) fit carrière toute sa vie durant, dans le domaine bancaire. Après des séjours d’initiation (en 1907) à la Banque Molson de Victoriaville, puis à celle du Canal Lachine, il fut transféré à la succursale de Chicoutimi de cette banque en 1908, puis à Sainte-Thérèse en 1912. Peu après son mariage en 1915, il entre à l’emploi de la Banque Molson de Waterloo à titre de teneur de livres : dispensé par la banque de s’enrôler dans l’Armée, c’est à cette époque qu’il commence à s’intéresser (selon ses propres termes) plus « sérieusement » à sa carrière de banquier, poursuivant des études en Affaires bancaires avec l’Université Queen’s de Kingston, puis en Économie et Finances avec l’Institut Alexander Hamilton de New York; quelques années plus tard, il se voyait accorder un prix d’excellence de l’Association bancaire canadienne (Canadian Bankers’ Association). Au terme de quatre années à Waterloo, il se vit nommer gérant de la Banque à Saint-Ours-sur-Richelieu, puis à Trois-Pistoles en 1923. Peu après (1925), la Banque Molson fut incorporée à la Banque de Montréal, et Arthur W. Ling poursuivit à titre de gérant pour la nouvelle banque à Trois-Pistoles durant trois années supplémentaires.

Rue Main Abbott

Banque de Montréal, Magog (détail)C’est alors, vers 1928, qu’Arthur Ling fut muté à Magog, en tant que gérant de la Banque de Montréal locale, qui y opérait à perte depuis 14 ans : M. Ling releva le défi de mieux positionner la Banque dans le marché magogois, en optant pour une stratégie de « good will », qui l’amena à s’impliquer à fond dans le développement de la communauté. C’est à ce titre qu’il contribua à fonder la Chambre de Commerce de Magog, dont il fut longtemps l’un des dirigeants; il mit également sur pied une agence de développement industriel, puis un bureau de tourisme, tout en s’impliquant dans divers clubs sociaux. Lors du Centenaire de la Paroisse Saint-Patrice, en 1936, il publia en collaboration avec sa fille Patricia, une histoire de cette paroisse et de la ville depuis ses origines.

Lac Orford Ling

Golf Ling

Durant les années 1930, Arthur Ling allait également avoir un impact décisif sur l’avènement du Parc Provincial du Mont Orford, en amenant les chambres de commerce et les dignitaires de toute la région à soutenir les efforts du Dr. George Bowen pour la création du parc. IL fut par la suite l’un des principaux instigateurs du Club de Golf du Mont Orford, puis du Club de Ski du Mont Orford, dont il fut le premier président. C’est ainsi, durant son séjour de 14 années à Magog, que M. Arthur Ling apporta une contribution décisive au développement de la Ville et de la région tout entière. En 1941, la Banque de Montréal devait le transférer, avec toute sa famille – plutôt réfractaire à quitter Magog –, pour diriger une importante succursale de la banque à Montréal, au coin des rues Saint-Laurent et Laurier. Il parvint aussi à rentabiliser cette succursale, en triplant son personnel et ses profits, avant de prendre sa retraite en 1951, après quoi il oeuvra comme administrateur pour les cités d’Outremont et de Mont-Royal. Grand amateur de golf et de sculpture sur bois, Arthur W. Ling laissa une empreinte profonde sur plusieurs villes et organisations, en particulier à Magog. Il décéda en novembre 1966, quelque peu déçu de n’avoir pas pu survivre jusqu’à l’ouverture prochaine du Métro de Montréal.

Hermitage Ling

Le Fonds Arthur W. Ling qui fut offert à la SHM par M. Michel Tanguay, comprend plusieurs brochures d’époque (dont sa propre monographie sur la « Paroisse Saint-Patrice – Magog 1886-1936 – Souvenirs historiques » et quelques autres, des items concernant le « Mount Orford Golf and Country Club », ainsi qu’une copie d’un document autobiographique adressé au siège social de la Banque de Montréal : il y relate les grandes étapes de sa carrière bancaire et communautaire. Pour compléter le tout, le fonds Ling comprend une quarantaine de photographies et de cartes postales d’époque – dont 16 photographies de qualité exceptionnelle (noir et blanc, grand format) réalisées par George A. W. Abbott. Curieusement, une seule de ces photos de George Abbott vient dupliquer une photographie que nous avions déjà dans le fonds personnel du photographe.

Pierre Rastoul, Société d’histoire de Magog

Au service de sa clientèle depuis plus de 65 ans

Il est pour le moins étonnant qu’un commerce familial, mis sur pied il y a plus de 65 ans, ait réussi à survivre à une compétition féroce de la part des grandes surfaces. J’ai eu le plaisir de rencontrer dans son bureau Rosaire Roy, un homme d’affaires de 90 ans qui a réussi l’exploit.   L’homme est humble, discret et n’aime pas être sous les réflecteurs et que l’on parle de lui. Il est honnête, généreux, et il n’a rien perdu de son humour qui l’a toujours caractérisé. Il a la répartie facile, demeure très actif et fréquente encore deux fois par jour le commerce qu’il a mis sur pied il y a bientôt 66 ans.

Rosaire Roy est né à Ascot Corner le 5 février 1923, de l’union de Louis Alphée (Nelpha) Roy et de Laura Faucher. Il est le 3e d’une famille de 7 enfants, dont une fille décédée en jeune âge. Alors qu’il est encore enfant, son père, qui est chef de gare à Ascot Corner, est muté à Beaulac-Garthby, où Rosaire passe son enfance et son adolescence.

Une fois sa scolarité complétée, Rosaire occupe plusieurs emplois : il travaille dans un magasin général, un moulin à scie et dans un garage. C’est au cours de ce dernier emploi qu’il décide d’entreprendre des études en électricité et en réparation d’appareils radio. En 1945, il s’inscrit au Canadian School of Electricity, à Montréal. De plus, il s’inscrit à des cours en radio chez un professeur de l’Université de Montréal maintenant à la retraite. À Garthby, le 29 avril 1946, il épouse Rita Lafrance, et ils retournent vivre à Montréal afin que Rosaire termine ses études.

En septembre 1947, muni de son brevet en électricité, Rosaire Roy s’installe à Magog au 209, rue St-Patrice Est, à l’est de la voie ferrée du Canadien Pacifique, sous la raison sociale de Roy Radio Service. On le prévient qu’il y a une quinzaine de compétiteurs dans ce domaine à Magog, mais la compétition ne l’effraie pas. Il se limite à la réparation et ne s’implique pas dans la vente d’appareils radio. Le couple élève 3 enfants: France, Daniel et Ghislain.

Roy Radio TVRoy Radio Services, en 1948

En 1953, quand la télévision fait son apparition à Magog, Rosaire décide de parfaire ses études dans ce domaine. À cette fin, il se rend à Montréal tous les mardis pour y suivre des cours. En 1954, il quitte le local de la rue St-Patrice Est et emménage sur la rue Principale Ouest pour une brève période, face au commerce d’Ovila Pomerleau, dans un immeuble qui sera plus tard détruit par un incendie et jamais reconstruit.

L’année suivante, il se relocalise au 335, rue Sherbrooke, à l’emplacement aujourd’hui occupé par le centre d’achat IGA-Jean Coutu. L’installation d’antennes de télévision occupe maintenant une importante partie de son temps. Alors qu’il a toujours été locataire, il estime que le moment d’acheter est arrivé. En 1973, il se porte acquéreur du 744, rue Principale Ouest, site antérieur d’un Canadian Tire.

Il y a donc 40 ans que Roy Radio TV est au service de sa clientèle à cette même enseigne. Quand on lui demande quelle a été la recette de cette réussite, Rosaire Roy répond sans hésiter, « le service à la clientèle et la qualité de mes employés ». En effet, son beau-frère, Armand Gaudreau, y a oeuvré pendant plus de 50 ans, et Claude, le fils de ce dernier, a quelque 35 ans de service. Et finalement, son fils Ghislain, à qui il a transmis la direction du commerce il y a plusieurs années, poursuit dans la tradition de cette entreprise familiale.

Maurice Langlois, Société d’histoire de Magog

Les années 1960 et 1970 ont été propices aux longues carrières politiques. Jean Drapeau régnait en maître à Montréal et Maurice Théroux était réélu à plusieurs reprises à Magog. Le Canton de Magog n’a pas été en reste. De 1957 à 1975, le maire Edgar Bournival a en effet été la figure de proue de l’administration municipale. Au cours de cette période, celui-ci s’est vu accorder pas moins de neuf mandats consécutifs par ses électeurs ! Tenant compte du fait que les mandats duraient deux ans à l’époque, contre quatre aujourd’hui, il s’agit d’un record pour un maire qui ne sera probablement jamais battu.

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Edgar Bournival voit le jour à Saint-Barnabé Nord –près de Saint-Hyacinthe- , le 12 août 1907. Arrivé à Magog, il travaille, comme la majorité de ses concitoyens, dans les usines de la Dominion Textile. Au fil des ans, il occupe différents postes, notamment ceux de journalier, de mécanicien et de contremaître. Dans leur domicile de la rue Stanley, lui et son épouse, Marie-Jeanne Lampron, fondent une famille qui compte trois enfants : Claude, Fleurette et Claudette.

Son intérêt pour la politique amène Bournival à poser sa candidature en janvier 1946 comme conseiller du quartier 5. Les électeurs de ce secteur ouvrier lui expriment leur confiance en l’élisant par acclamation. Deux ans plus, ils récidivent en le réélisant sans opposition.

En 1950, Edgar Bournival se considère prêt à briguer la mairie. Toutefois, trois «grosses pointures» de la politique locale sont aussi sur les rangs, soit Ernest Simard, Colin C. MacPherson ainsi que le maire sortant, Maurice Théroux. Nettement défait, il tente de réintégrer le conseil en 1953 et 1956. Mais cette fois, c’est sans succès.

Une carrière politique qui semble un moment compromise, va connaître un nouveau rebondissement l’année suivante. Propriétaire d’un chalet et de terrains dans le Canton de Magog, -secteur Venise- , Bournival décide de poser sa candidature à la mairie du canton. Comme ce fut le cas pour ses deux prédécesseurs, Hazen C. Bryant et Armand Provencher, personne ne décide de se présenter contre lui. Vainqueur par acclamation, Edgar Bournival entreprend, le 10 juillet 1957, un passage prolongé à la mairie du Canton de Magog qui durera jusqu’en 1975.

Au cours de ces 18 années, le territoire change considérablement. La population aussi. Entre 1956 et 1971, celle-ci passe de 1229 à 3147 habitants. Il s’agit d’une croissance de 156% contre environ 7% à Magog pour la même période. Du nombre, on compte encore plusieurs habitants saisonniers qui possèdent des chalets. C’est le cas de Bournival lui-même. Mais le pourcentage de gens qui travaillent dans la région et ont leur domicile permanent dans le canton est aussi en progression.

Pour répondre à ces besoins à la hausse, Edgar Bournival ne ménage pas les heures. Après son travail de nuit comme contremaître dans la salle des métiers à tisser, il s’assure de vaquer tous les jours à ses occupations de maire. Malgré la rétribution plutôt symbolique qu’il reçoit à l’époque pour ses services, il se tient au fait de chaque dossier, parcourant avec assiduité les chemins du canton qu’il connaît comme le fond de sa poche. Politicien au sens aiguisé, il ne néglige pas non plus de faire un brin de jasette à ses électeurs.

Ceux qui l’ont connu se souviennent bien du maire Bournival. Homme de petite stature qu’un journaliste décrit comme «ayant toujours le sourire au coin des lèvres», le premier magistrat est un personnage énergique dont la passion pour la chose publique semble intarissable. Sa gestion prudente semble répondre aux attentes de ses concitoyens puisqu’il sera toujours réélu sans opposition, sauf en 1961 alors qu’il remporte une victoire facile contre Edward Bonn.

C’est sous Edgar Bournival qu’au début des années 1970 le Canton de Magog fait l’acquisition de l’ancienne école François-Hertel qui devient son premier hôtel de ville. Le bâtiment, toujours existant, abritera bientôt les policiers de la ville de Magog unifiée.

Miné par des problèmes de santé, Edgar Bournival annonce son retrait de la vie politique en 1975. Il décède le 22 décembre 1976.

Serge Gaudreau

Dans le cadre de l’harmonisation des noms de rues de la ville de Magog, le comité de toponymie a suggéré, et la Ville a accepté, de désigner la portion nord de la rue Martin (à partir de la rue Bellevue), du nom de Sloan ou de Barney Sloan. Or, qui était ce monsieur Sloan, et pourquoi nommer une rue pour rappeler son passage à Magog? Barney Sloan est né le 12 octobre 1875, sur une ferme à Berkshire Town, dans le nord du Vermont, près de Richford. Son père, venu d’Irlande en 1871, a épousé Margaret McNeil, au Vermont. Barney était le 4e d’une famille d’au moins 8 enfants. Dès l’adolescence, il travaille comme commis dans un hôtel local au Vermont. En 1892, à l’âge de 17 ans, il émigre au Québec, devient successivement gérant du « Lakeview House » à Knowlton, puis du célèbre « Brooks’ House » de Waterloo, propriété de L.G. Green. À la veille de son départ de Waterloo en 1905, pour venir à Magog, les notables de l’endroit et ses amis organisent un banquet en son honneur. Après les allocutions d’usage, ils lui offrent une bague à diamants et une plaque souvenir signée par chacun et précieusement conservée par ses descendants. C’est à regret qu’on le voit quitter Waterloo.

De haut en bas: L’hôtel Battles House dans ses transformations successives – vers 1890, 1910 et 1925. (Photos anonymes / en bas: Photo George A. W. Abbott, coll. SHM)

Battles House, vers 1890Battles House, vers 1910Battles House, vers 1925

En 1905, Green et Barney Sloan se portent acquéreurs du Battle’s House (site de l’actuel MacDonald’s). En 1906, il épouse Nellie Goodspeed avec qui il a une fille, Evelyn, qui deviendra la femme de Cecil Gaunt. En 1920, Sloan achète la participation de Green et devient seul propriétaire de l’établissement. Le Battle’s House ne fait pas qu’héberger les voyageurs de passage; certains clients y séjournent pour une période de temps prolongée. Ainsi, au moment de son arrivée à Magog en 1888, le Dr. Henri Béique y reçoit ses patients (« à toute heure ») en attendant de s’installer définitivement sur la rue Principale. Au recensement de 1911, plus de 25 personnes y demeurent, dont le notaire Hector Jasmin ainsi que de jeunes couples avec enfants. Barney Sloan exploite cet hôtel pendant un quart de siècle, alors qu’il le vend à Adélard Goyette, en 1930.

Battles House, vers 1925, près du pont Merry

Le Battles House vers 1925, montrant la proximité du pont de la rue Merry. (Coll. SHM)

Après avoir habité l’hôtel pendant plusieurs années avec sa femme et leur fille, il acquiert une propriété sur la rue Bellevue. La famille Sloan habite la maison, devenue le gîte « À Tout Venant ». Cette portion de la rue Martin est ouverte entièrement sur son ancienne propriété. Sa grange, qui existe toujours, est située à l’extrémité de la rue Martin, sur la droite. C’est Barney Sloan qui a fait la réputation de ce grand hôtel qui avait une salle à manger digne de mention. Il était un hôte courtois, soucieux du confort et du bien-être de ses visiteurs. Il était d’une jovialité remarquable et se plaisait à jouer des tours à ses amis. Sous son administration, le Battle’s House a été le plus important et le plus chic hôtel de la région pendant de nombreuses années. L’hôtel a été agrandi considérablement et l’on pouvait y recevoir jusqu’à 350 personnes pour des banquets en diverses occasions.

Barney Sloane, vers 1925

Portrait en pied de Barney Sloan, vers 1925. (Photographe inconnu. coll. SHM)

Barney Sloan était un bon administrateur et un commerçant avisé. Il était connu et apprécié par tous. On ne lui a jamais connu d’ennemis. On dit qu’il était impliqué dans sa communauté et qu’il a joué un rôle significatif dans le développement économique de Magog, même si, à cause de son métier, il n’a jamais participé activement à la politique municipale ou autre. Il prend sa retraite en 1930 et décède le 19 février 1939, à l’âge de 64 ans. Ses petites-filles, Louise, Pamela et Wendy Gaunt habitent toujours à Magog. Le Battle’s House a été rasé par un violent incendie tôt le matin du 15 juillet 1944, alors que quelques 80 personnes y séjournaient. Il y eut une seule perte de vie, M. Percy Wagland, ainsi que six blessés. L’hôtel appartenait alors à Delphis P. Goyette, et Paul Mercier en assumait la gérance. Une tentative de reconstruction a débuté, mais seules les fondations ont été coulées et ont pu être observées pendant de nombreuses années, jusqu’à ce que MacDonald’s s’en porte acquéreur.

Maurice Langlois